Chapelets, bruits de pas, accès de toux, murmures...
Des légions d'ave s'en vont heurter au ciel.
L'orgue joue en sourdine un antique noël
Et le peuple, tout bas, répète les mesures.
Ils reviennent couverts de nouvelles blessures
Ceux qui de l'an dernier espéraient tant de miel,
Et gagnés par la crèche, offrent à l'Eternel
L'encens de leur espoir en ses...
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J'ai dit à la forêt haute et pleine d'orgueil :
" Tuer, seul me déride ;
J'irai dans tes abris dépister le chevreuil
Et le lièvre timide. "
Lors la forêt m'offrit, pour mon repos du soir,
Un lit d'herbe et de mousse
Où la lune envoyait, entre les rameaux noirs,
Une lumière douce.
Je sommeillais lorsque des grenouilles sautant,
... -
C'est la neige tourbillonnante
Qui voltige dans l'air, mousseline vivante,
La neige qui s'arma, dans l'extase du froid,
D'une beauté trop loin de la vie et traîtresse.
La neige pleine de caresses,
Si douce au pas quand elle choit.
Ceux-là dont le sang bout dans les veines, les forts,
Devant la blancheur qui s'amasse
Songent aux glissements... -
Or, le sage, parti dès son adolescence
Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
Savait à quel néant marche la connaissance
Et confondait la vérité d'une croyance
Avec l'or, qui vaudra ce qu'on a décidé.
Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,
Conçut et projeta dans le calme irréel,
Les dieux dont elle attend un rayon de lumière... -
Je connais, dans les Apalaches,
Un val séduisant qui se cache
Comme un rêve ingénu ;
Un val aux pentes fantaisistes
Où se promène, dans les schistes,
Un ruisseau bienvenu.
Quand, brusquement, on le découvre
C'est un avenir clair qui s'ouvre,
Un sourire enjôleur
À quoi l'âme n'était pas prête,
On subit le charme, on s'arrête
À l'... -
Aux pieds de trois coteaux habillés de sapins
Gît un lac profond, clair et sage,
Où maintes fois je suis descendu, le matin,
Aspirer la paix qu'il dégage.
Rond et luxuriant, à son centre, un îlot
Ressemble au chaton d'une bague ;
Les arbres alentour, penchés au bord de l'eau,
Y dessinent des formes vagues.
Libre de quais encore, à nul... -
La montagne portait sa robe d'or bruni,
Or fragile tombant, feuille à feuille, des branches,
Dans le chemin, parmi la foule du dimanche,
Sur les sentiers ombreux et le gazon terni.
Reposés de leur course à travers l'infini,
Et doux, comme l'émoi d'une âme qui s'épanche,
Les rayons du soleil d'octobre, en nappes blanches
Sur le sol déjà froid,... -
I
Muse, rappelle-toi l'enfant aux genoux maigres
que nous vîmes, gonflés de rancune et d'amour,
prendre nonchalamment le chemin du retour
sous mille arbres blessés de ses rires allègres ;
sans trop y réfléchir aux gloires de ce corps
le souvenir ajoute une Raison sereine
- et pourtant nous l'avions reconnue fort humaine
aussitôt qu'elle... -
Je vivais au milieu de choses mal unies,
Demandant au hasard de diriger mes pas.
Je mettais à mon dieu le masque des folies
Et le meilleur ami ne me connaissait pas.
Il s'est fait un été plus divin que les autres,
Comment résisterais-je à son embrassement ?
Je marche, confondant mes biens avec les vôtres ;
Je respire au milieu d'un monde bien... -
Corps violent, redoutable, honteux,
Corps de poète habitué aux larmes,
Qui te secoue ainsi, qui te désarme ?
(Bruxelles dort orné de mille feux)
Dans le pays de la bonne souffrance
(Rappelle-toi cette maison des champs)
Archange infirme ivre de ton silence,
N'attendais-tu qu'un amour plus pressant ?
On connaît bien le gouffre où je me...