Sais-tu pourquoi de te voir j'eus envie ?
C'est pour aider à l'ouvrier, qui cessa,
Lors qu'assembla en me donnant la vie,
Les différents, où après me laissa.
Car m'ébauchant Nature s'efforça
D'entendre et voir pour nouvelle ordonnance
Ton haut savoir, qui m'accroît l'espérance
Des Cieux promise, ainsi que je me fonde,
Que me feras avoir la...
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Si tu t'enquiers pourquoi sur mon tombeau
On aura mis deux éléments contraires,
Comme tu vois être le feu et l'eau
Entre éléments les deux plus adversaires :
Je t'avertis qu'ils sont très nécessaires
Pour te montrer par signes évidents
Que si en moi ont été résidents
Larmes et feu, bataille âprement rude :
Qu'après ma mort encores ci dedans
Je... -
Pourquoi pour mon malheur eus-je l'oeil si léger ?
Pourquoi le sens si prompt, et l'esprit si fragile,
Que de voir, que d'aimer, et que de m'engager
A servir un bel oeil d'un labeur inutile ?
Pour avoir vu je meurs, mais d'une mort subtile
Qui renaît d'elle-même et ne fait que changer,
Pour aimer je me vois tous les jours outrager,
Et servant je... -
Oh ! pourquoi voyager ? as-tu dit. C'est que l'âme
Se prend de longs ennuis et partout et toujours ;
C'est qu'il est un désir, ardent comme une flamme,
Qui, nos amours éteints, survit à nos amours !
C'est qu'on est mal ici ! - Comme les hirondelles,
Un vague instinct d'aller nous dévore à mourir ;
C'est qu'à nos coeurs, mon Dieu ! vous avez mis des ailes.
... -
Pourquoi crains-tu, fille farouche
De me voir nue entre les fleurs ?
Mets une rose sur ta bouche
Et ris avec moins de rougeur.
Ne sais-tu pas comme ta robe
Est transparente autour de toi
Et que d'un clair regard je vois
Ta sveltesse qui se dérobe ?
Triste fantôme de pudeur,
Que n'es-tu nue avec la fleur
D'un lis blanc dans ta... -
Quand vous suiviez ma trace,
J'allais avoir quinze ans,
Puis la fleur, puis la grâce,
Puis le feu du printemps.
J'étais blonde et pliante
Comme l'épi mouvant,
Et surtout moins savante
Que le plus jeune enfant.
J'avais ma douce mère,
Me guidant au chemin,
Attentive et sévère
Quand vous cherchiez ma main.
C'est beau la... -
Pourquoi, Seigneur, les hirondelles,
Si bas, puis si haut volent-elles :
Qu'en savent-elles,
Qu'en sais-je ? rien.
Et moi, pourquoi gai, puis morose,
Pourquoi mes vers, pourquoi ma prose,
Pourquoi sous mes doigts cette rose,
Qu'en sais-je ? rien. -
Pourquoi triste, ô mon âme
Triste jusqu'à la mort,
Quand l'effort te réclame,
Quand le suprême effort
Est là qui te réclame ?
Ah, tes mains que tu tords
Au lieu d'être à la tâche,
Tes lèvres que tu mords
Et leur silence lâche,
Et tes yeux qui sont morts !
N'as-tu pas l'espérance
De la fidélité,
Et, pour plus d'assurance... -
Pourquoi de tes dédains sens-je la cruauté,
Dis-moi, fière beauté ?
Cet acte casuel trouble-t-il ta pensée ?
Oui, car mes traîtres yeux ont attisé ce feu,
A cause que j'ai vu
Ton trésor le plus cher, dont tu t'es offensée.
Belle, que n'ai-je vu en ce point malheureux
Le visage pierreux
De l'horrible Gorgone, engeance infortunée !
J'eusse été... -
Pourquoi faut-il que ta face divine
Soit en tous temps sous ce triste velous,
Et que tes yeux de mon plaisir jaloux
Soient découverts pour blesser ma poitrine ?
Dix mille fois, ma Nymphe, ma poupine,
J'ai convoité d'imprimer par dessous
Ton masque faux mille baisers très doux,
Sur le coral de ta lèvre pourprine.
Cache tes yeux qui tant...