• Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse,
    Sans donner à mon âme un moment de repos,
    Plus vite qu'un dauphin qui traverse les flots,
    Me transporte haut-volant vers ma chaste déesse.

    Jamais de tel randon* des aquilons la presse,
    Franchissant à l'envi d'Amphitrite les sauts,
    Si raide n'élança par le glacis des eaux
    Le vaisseau désarmé vide de...

  • Avecques mon amour naît l'amour de changer.
    J'en aime une au matin ; l'autre au soir me possède.
    Premier qu'avoir le mal, je cherche le remède,
    N'attendant être pris pour me désengager.

    Sous un espoir trop long je ne puis m'affliger ;
    Quand une fait la brave, une autre lui succède ;
    Et n'aime plus longtemps la belle que la laide :
    Car dessous...

  • J'avois de l'Amour pour vous,
    Charmante Sylvie,
    Mais vos injustes courroux
    Ont refroidy mon envie,
    Je sçais aymer constamment,
    Mais si l'on n'ayme esgalement,
    Ma foy je m'en ennuye.

    Vostre bouche, et vos beaux yeux
    Les Roys de ma vie,
    Et vostre ris gracieux,
    Avoient mon ame asservie,
    Vous m'aviez gagné le coeur,
    Mais quand...

  • L'Amour sous sa loy
    N'a jamais eu d'Amant plus heureux que moy ;
    Benit soit son flambeau,
    Son carquois, son bandeau,
    Je suis amoureux,
    Et le Ciel ne voit point d'Amant plus heureux.

    Mes jours et mes nuits
    Ont bien peu de repos, et beaucoup d'ennuis ;
    Je me meurs de langueur,
    J'ay le feu dans le coeur,
    Je suis amoureux,
    Et le Ciel...

  • Il faut finir mes jours en l'amour d'Uranie,
    L'absence ni le temps ne m'en sauraient guérir,
    Et je ne vois plus rien qui me pût secourir,
    Ni qui sût r'appeler ma liberté bannie.

    Dès long-temps je connais sa rigueur infinie,
    Mais pensant aux beautés pour qui je dois périr,
    Je bénis mon martyre, et content de mourir,
    Je n'ose murmurer contre sa...

  • Au clos de notre amour, l'été se continue :
    Un paon d'or, là-bas, traverse une avenue ;
    Des pétales pavoisent
    - Perles, émeraudes, turquoises -
    L'uniforme sommeil des gazons verts
    Nos étangs bleus luisent, couverts
    Du baiser blanc des nénuphars de neige ;
    Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ;
    Un insecte de prisme irrite un coeur de fleur...

  • Dans la maison où notre amour a voulu naître,
    Avec les meubles chers peuplant l'ombre et les coins,
    Où nous vivons à deux, ayant pour seuls témoins
    Les roses qui nous regardent par les fenêtres.

    Il est des jours choisis, d'un si doux réconfort,
    Et des heures d'été, si belles de silence,
    Que j'arrête parfois le temps qui se balance,
    Dans l'horloge...

  • Avec le même amour que tu me fus jadis
    Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
    Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
    Tu m'es en ces temps noirs un calme et sûr asile.

    Tout s'y concentre, et ta ferveur et ta clarté
    Et tes gestes groupant les fleurs de ta bonté,
    Mais tout y est serré dans une paix profonde
    Contre les vents aigus...

  • Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
    Vivons si hardiment nos plus belles pensées
    Qu'elles s'entrelacent harmonisées
    A l'extase suprême et l'entière ferveur,

    Parce qu'en nos âmes pareilles,
    Quelque chose de plus sacré que nous
    Et de plus pur, et de plus grand s'éveille,
    Joignons les mains pour l'adorer à travers nous.

    Il n'importe que...

  • Après qu'Amour par trop mortelle atteinte
    M'eut fait au coeur une plaie piteuse,
    Et qu'il connut que sa flamme amoureuse
    Etait en moi bien ardemment empreinte :

    Il retira sa flèche en mon sang teinte,
    Laissant en moi son humeur venimeuse :
    Mais ma maîstresse (hélas) trop rigoureuse,
    Il ne toucha seulement que par feinte.

    Or pour fuir...