• Elle exprimait encor la cause douloureuse
    De ses pleurs, quand elle oit un petit bruit léger
    A son dos ; et soudain cette aveugle amoureuse
    Se tourne et voit le Christ, mais c'est comme étranger.

    " Ô femme, lui dit-il, quel deuil te peut ranger
    A tant et tant de pleurs ? Que cherches-tu, pleureuse ?
    - Ah, dit-elle, Seigneur, si ta main valeureuse
    A mon...

  • Homme, qui que tu sois, regarde Eve et Marie,
    Et comparant ta mère à celle du Sauveur,
    Vois laquelle des deux en est le plus chérie,
    Et du Père Eternel gagne mieux la faveur.

    L'une a toute sa race au démon asservie,
    L'autre rompt l'esclavage où furent ses aïeux
    Par l'une vient la mort et par l'autre la vie,
    L'une ouvre les enfers et l'autre ouvre les...

  • Ô maison du Moustoir ! combien de fois la nuit,
    Ou quand j'erre le jour dans la foule et le bruit,
    Tu m'apparais ! - Je vois les toits de ton village
    Baignés à l'horizon dans des mers de feuillage,
    Une grêle fumée au-dessus, dans un champ
    Une femme de loin appelant son enfant,
    Ou bien un jeune pâtre assis près de sa vache,
    Qui, tandis qu'indolente elle...

  • Jeanne-Marie a des mains fortes,
    Mains sombres que l'été tanna,
    Mains pâles comme des mains mortes.
    - Sont-ce des mains de Juana ?

    Ont-elles pris les crèmes brunes
    Sur les mares des voluptés ?
    Ont-elles trempé dans des lunes
    Aux étangs de sérénités ?

    Ont-elles bu des cieux barbares,
    Calmes sur les genoux charmants ?
    Ont-elles roulé...

  • Cy gist le corps de la plus heureuse ame
    Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
    Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
    Ou pour avoir esté d'un amy femme.

    Amy qui a or le bruyt et la fame
    D'un vif exemple et seur de fermetté,
    Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
    Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.

    Pas n'eust voulu seul...

  • Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
    Tous les autres amours sont de commandement.
    Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement
    Pourra les allumer aux coeurs qui l'ont chérie.

    C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis,
    C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice,
    Et la douceur de coeur et le zèle au service,
    Comme je la priais, Elle les a permis ......

  • Quand au dernier sommeil la Vierge eust clos les yeux,
    Les Anges qui veilloyent autour de leur maistresse,
    Esleverent son corps en la gloire des Cieux,
    Et les Cieux furent pleins de nouvelle allegresse.

    Les plus hauts Séraphins à son advenement
    Sortoient au devant d'elle et luy cedoient la place,
    Se sentant tous ravis d'aise et d'estonnement
    De...

  • Marie, vous passez en taille, et en visage,
    En grâce, en ris, en yeux, en sein, et en téton,
    Votre moyenne soeur, d'autant que le bouton
    D'un rosier franc surpasse une rose sauvage.

    Je ne dis pas pourtant qu'un rosier de bocage
    Ne soit plaisant à l'oeil, et qu'il ne sente bon ;
    Aussi je ne dis pas que votre soeur Thoinon
    Ne soit belle, mais quoi ? vous...

  • Marie, vous avez la joue aussi vermeille
    Qu'une rose de mai, vous avez les cheveux
    De couleur de châtaigne, entrefrisés de noeuds,
    Gentement tortillés tout autour de l'oreille.

    Quand vous étiez petite, une mignarde abeille
    Dans vos lèvres forma son doux miel savoureux,
    Amour laissa ses traits dans vos yeux rigoureux,
    Pithon vous fit la voix à nulle...

  • Marie, baisez-moi ; non, ne me baisez pas,
    Mais tirez-moi le coeur de votre douce haleine ;
    Non, ne le tirez pas, mais hors de chaque veine
    Sucez-moi toute l'âme éparse entre vos bras ;

    Non, ne la sucez pas ; car après le trépas
    Que serais-je sinon une semblance vaine,
    Sans corps, dessus la rive, où l'amour ne démène
    (Pardonne-moi, Pluton) qu'en feintes...