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    EN faveur du parfum je pardonne à la rose
    L’épine, dont mon doigt garde une larme rose.
    Je passe au ciel pesant son haleine de feu,
    Parce que, plus que les beaux yeux bleus, il est bleu.
    J’excuse tout le mal qui me vient de vous-même,
    De vos regards, de votre bouche : je vous aime !
    Mais prenez garde ! Un jour arrive où la beauté,
    Sentant le...

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    « Je veux lire en trois jours l’Iliade d’Homère,
    « Et pour ce, Corydon, ferme bien l’huis sur moy »…
    (Ronsard)

    CE soir, je lis des vers : je n’y suis pour personne.
    J’ouvre mon vieux Ronsard dont le vers hautain sonne
    Plus que tous les clochers aux riches carillons,
    Que les flûtes d’argent et que les violons !
    Les beaux sonnets...

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    PLEURS, lamentations d’amour, détresse, haine,
    Désespoirs, sanglots immortels,
    Doute qui s’agenouille au pied des vieux autels,
    Musset, toute l’angoisse humaine !

    Pour avoir écouté chanter les passions, ―
    Sirènes, voix d’or dans la brume,
    Merveilles qui ne sont, hélas ! que fictions, ―
    Grand cœur ravagé d’amertume !

    Tu ne seras jamais...

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    BERCÉ par la chanson troublante de Verlaine,
    Qui soupire, se plaint de vivre et rit à peine,
    Et désespérément, des larmes plein la voix,
    Se souvient des beaux jours candides d’autrefois,
    Regrette ses péchés charnels, allume un cierge,
    Brûle un sonnet aux pieds de la très sainte Vierge,
    Et supplie à genoux, doigts joints, la Trinité
    D’exorciser...

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    LA simplicité claire, enfants, est dans vos yeux.
    La vérité s’exprime en vos douces prunelles,
    Et l’on y voit passer le souvenir des ailes
    Que vous aviez hier en descendant des cieux.

    Votre innocence est comme un manteau radieux
    Dont frémissent l’émoi les âmes maternelles,
    Et sa pureté sainte et sa vertu sont telles
    Qu’il en flotte un parfum...

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    LE ciel sombre est troué d’étoiles qui frémissent.
    Sur la neige, en chantant, les traîneaux légers glissent.
    Un peu de lune pâle aux fenêtres paraît.
    Le silence est profond, apaisant et secret.
    Amicalement ; l’ombre en ma chambre est entrée,
    Et mon âme, aussitôt de calme pénétrée,
    A son charme puissant, docile, se livra,
    Et dans l’oubli...

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    MOI qui n’ai pas le goût du laurier triomphal
    Qui suscite le dur égoïsme des luttes ;
    Moi dont l’ambition meurt aux refrains des flûtes
    Et du violon musical ;

    J’ai plus que le désir d’une éternelle gloire,
    Plus que le rêve fier d’un renom souverain :
    J’aspire à quelque chose idéal et divin,
    Sublime, et peut-être illusoire…

    Si vous m’...

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    VOUS frémissez au vent des calmes altitudes,
    Arbres de la montagne où je passais hier ;
    Plante dans le terroir, chacun de vous est fier
    De posséder la paix des hautes solitudes.

    Si tous les cours avaient votre belle attitude !
    Campés sur l’idéal, dresses vers l’azur clair,
    Le temps de vivre un peu leur serait moins amer,
    Et, comme vous, ils...

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    DIEU ! Je m’en vais au vent funeste qui me prend !
    Je suis toute petite et le vent est si grand !
    Ah ! je la pressentais cette suprême épreuve !
    Je m’en vais dans le vent comme au courant d’un fleuve,
    Chose menue et frêle avec des taches d’or !
    Je m’en vais, et mes sœurs sont aux branches encor !
    Si, comme les oiseaux à tous les vents rebelles,...

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    TOUT est vert sous nos pas, sur nos fronts tout est vert !
    Aux jours du renouveau mon âme se recueille,
    Et je chante, inspiré par la douceur de l’air,
    La gloire des premières feuilles.

                                             * * *

    Les petites feuilles d’un jour,
    Tendres, à peine déplissées,
    Qui semblent faites de velours
    Pâle, et de...