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    Une voix a passé dans ma nuit d’insomnie...
    Des brumeuses forêts de la Calédonie
    Pour me rejoindre elle a traversé l’Océan,
    Et la Ligne torride et le Cap atlantique :
    Cette voix, c’est la tienne, ô barde au cœur antique,
             Fils de Byron et d’Ossian.

    Tu viens, me rappelant nos communes croyances,
    Gourmander mes langueurs aux mornes...

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    Loin d’ici veux-tu fuir ? pauvre couple enchaîné,
    Veux-tu nous envoler vers l’île où je suis né ?
    Je suis las de contrainte et de ruse et d’entrave.
    Le ciel ne m’a point fait avec un cœur d’esclave !
    Me cacher pour te voir, pour t’aimer, ô tourment !
    Je veux vivre en plein air et t’aimer librement !
    Ce monde est faux et lâche, et ses hypocrisies...

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    Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
    Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
    Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
    Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
             Des bengalis et des ramiers !

    O douce enfant ! ta vie aux flots riants et calmes,
    Pareille aux bassins bleus de mon climat natal,
    N’a jamais...

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    La vipère du mal a mordu ta pensée,
    Poète, et dans ton sein la colombe blessée
    Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
    Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
    Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
    Mais pour le Mal alors plus de pitiés traîtresses !
    Quand cette heure de Dieu sonnera, fils du ciel,
    Arme ta juste main du glaive de...

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    LA MÈRE

    Pourquoi jeter ta voix si paisible et si douce
    A travers ces rumeurs d'un siècle aux fortes voix ?
    Ami, crois-moi, résiste au démon qui te pousse ;
    Laisse tes faibles chants, comme l'eau sur la mousse
    Laisse tes chants couler à l'ombre de nos bois.

    LE FILS

    Mère, vous m'avez dit aux jours de mon enfance :
    « A de nobles...

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    Puisque en tes jours bénis de gloire et de puissance,
    Du pauvre jusqu’à toi franchissant la distance,
    Tu l’aidas de sa croix à porter le fardeau ;
    Et que, sourd aux instincts d’une opulence avare,
    Toi, prince, tu couvris les membres de Lazare
           Des plis de ton royal manteau !

    Puisque aux jours où cueillant les palmes de la guerre,
    ...