• Tu me desplais, quoy que belle tu soys,
    Tu me desplais, croy moy, je le confesse,
    Et, bien qu'a moy tu desplaises, sans cesse
    Je suy contreint ton amour toutesfoys.

    Ton doulx regard, ta plus qu'humaine voix,
    Ton port divin, tes graces, ma Deesse,
    Me font t'aimer, mais ceste amour me laisse
    Par la fierté, dont meurdrir tu me doys.

    Ainsi...

  • Ô ma belle rebelle,
    Las, que tu m'es cruelle !
    Ou quand d'un doux souris,
    Larron de mes espris,
    Ou quand d'une parolle
    Mignardetement molle,
    Ou quand d'un regard d'yeux
    Fierement gracieux,
    Ou quand d'un petit geste
    Tout divin, tout celeste,
    En amoureuse ardeur
    Tu plonges tout mon coeur.
    O ma belle rebelle,
    Las, que tu m'...

  • Elégie

    Cloris, lorsque je songe, en te voyant si belle,
    Que ta vie est sujette à la loi naturelle,
    Et qu'à la fin les traits d'un visage si beau
    Avec tout leur éclat iront dans le tombeau,
    Sans espoir que la mort nous laisse en la pensée
    Aucun ressentiment de l'amitié passée,
    Je suis tout rebuté de l'aise et du souci
    Que nous fait le destin qui...

  • L'automne suit l'Esté et la belle verdure
    Du printemps rajeuni est ensuvant l'yver,
    Tousjours sur la marine on ne voit estriver
    Le North contre la nef errante à l'aventure,

    Nous ne voyons la Lune estre tousjours obscure ;
    Ainsi comme un croissant on la voit arriver ;
    Toute chose se change au gré de la nature,
    Et seul ce changement je ne puis esprouver...

  • Que vous avez d'appas, belle Nuit animée !
    Que vous nous apportez de merveille et d'amour !
    Il faut bien confesser que vous êtes formée
    Pour donner de l'envie et de la honte au jour.

    La flamme éclate moins à travers la fumée
    Que ne font vos beaux yeux sous un si sombre atour,
    Et de tous les mortels, en ce sacré séjour,
    Comme un céleste objet vous êtes...

  • Ô que d'appas en ce visage
    Plein de jeunesse et de beauté,
    Qui semble trahir son langage
    Et démentir sa pauvreté !

    Ce rare honneur des orphelines,
    Couvert de ces mauvais habits,
    Nous découvre des perles fines
    Dans une boîte de rubis.

    Ses yeux sont des saphirs qui brillent,
    Et ses cheveux qui s'éparpillent
    Font montre d'une riche...

  • Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
    Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
    Et l'Ebène poli qui te sert d'ornement
    Sur le plus blanc ivoire emporte l'avantage.

    Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
    Qu'un objet ténébreux luise si clairement ;
    Et qu'un charbon éteint, brûle plus vivement
    Que ceux qui de la flamme entretiennent...

  • Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle !
    C'est ce coeur asseuré, ce courage constant,
    C'est, parmy tes vertus, ce que l'on prise tant :
    Aussi qu'est il plus beau qu'une amitié fidelle ?

    Or, ne charge donc rien de ta soeur infidele,
    De Vesere, ta soeur : elle va s'escartant,
    Tousjours flotant mal seure en son cours inconstant :
    Voy tu comme...

  • L'un chante les amours de la trop belle Hélène,
    L'un veut le nom d'Hector par le monde semer,
    Et l'autre par les flots de la nouvelle mer
    Conduit Jason gaigner les trésors de la laine.

    Moy je chante le mal qui à mon gré me meine :
    Car je veus, si je puis, par mes carmes charmer
    Un tourment, un soucy, une rage d'aimer,
    Et un espoir musard, le...

  • Anges, Trônes et Dominations,
    Principaultés, Archanges, Chérubins,
    Inclinez-vous aux basses régions
    Avec Vertus, Potestés, Seraphins,
    Transvolitez des haults cieux cristalins
    Pour decorer la triumphante entrée
    Et la très digne naissance adorée,
    Le saint concept par mysteres tres haults
    De celle Vierge, ou toute grace abonde,
    Decretee par dits...