Le monde est un jardin de plaisir et de mort,
Où l’ombre sous les bleus feuillages semble attendre,
Où la rose s’effeuille avec un bruit de cendre,
Où le parfum des lys est volontaire et fort ?

Parmi les lys nouveaux et les roses suprêmes,
Nous mêlons nos...

 
Oh ! soyez-moi cléments, mes espaces fidèles !
Car je sens remuer en moi mes grandes ailes !
Et je subis ici la volupté du vent,
Moi qui sus l’affronter et le braver souvent.

Vent qui fais s’élever en moi mes larges ailes,
Vent qui sait dominer les vagues...

 
L’ombre nous semble une ennemie en embuscade…
Viens, je t’emporterai comme une enfant malade,
Comme une enfant plaintive et craintive et malade.

Entre mes bras nerveux j’étreins ton corps léger.
Tu verras que je sais guérir et protéger,
Et que mes bras sont...

 
Ma douce, nous étions comme deux exilées,
Et nous portions en nous nos âmes désolées.

L’air de l’aurore était plus lancinant qu’un mal…
Nul ne savait parler le langage natal…

Alors que nous errions parmi les étrangères,
Les odeurs du matin ne semblaient...

 
La nuit est façonnée avec un art subtil
Ainsi qu’un merveilleux palais de Boabdil.

La fontaine redit ses rythmes monotones
Et les ifs argentés sont de blanches colonnes.

Dans le jardin, roi morne et conquérant lassé.
Se recueille et s’attarde et veille le...

 
        Elle viendra tantôt, cette femme que j’aime !
        Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs…
        Vous qui savez chanter, chantez un beau poème…
        Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs
        Le chemin lumineux de la femme...

 
Pour lui prouver que je l’aime plus que moi-même,
Je donnerai mes yeux à la femme que j’aime.

Je lui dirai d’un ton humble, tendre et joyeux :
« Ma très chère, voici l’offrande de mes yeux. »

Je donnerai mes yeux qui virent tant de choses.
Tant de...

 
    Je voile avec dédain le trésor qui me reste…
    Mon orgueil de poète est en moi comme un mal
    Tenace, suraigu, dominant, animal…
    Car l’orgueil du poète est terrible et funeste…

    Quand la foule amassait la farine et le mil,
    Mon orgueil m’...

 
Nul flot ne bouge, nul rameau ne se balance…
Le gris se fait plus gris, le noir se fait plus noir,
Et le chant des oiseaux ne vaut pas le silence…
Où donc irai-je, avec mon cœur, par ce beau soir ?

Dans le ciel du couchant triomphal, les nuages
Roulent,...

 
    Les murs de ce palais sont d’ébène et d’ivoire
    Et les plafonds gemmés d’astres comme les cieux.
    Les esclaves y vont à pas silencieux
    Avec leurs pas très doux et leur face très noire.

    Et les cyprès aigus s’y dorent au couchant…
    On n’...