• Tandis que je me promeine
    Parmy cette belle pleine,
    Et qu'en resvant je m'en vois
    Promener parmy ces bois,
    Je sens mon couler dans mon âme
    Un souvenir de ma Dame,
    Qui me faict aussi soubdain
    Faire un tel souhait en vain.

    Pleust au dieu par qui j'essaie
    Quelle est l'amoureuse plaie,
    Que celle qui m'a ravy,
    Celle qui tient asservy...

  • les contentements d'un amour rustique


    Ne percez plus mon coeur, ô vanités serviles,
    De vos soucis tranchants,
    Éloigné de la Cour, je m'éloigne des villes
    Pour approcher des champs.

    Cet amour que j'y bois dedans l'oeil de Silvie
    M'est plus délicieux,
    Que ce que Jupiter pour nous donner envie
    Dit qu'il boit dans les cieux.

    ...

  • Les champs enfarinés de neige éparpillée
    Sont tapissés de blanc, et les arbres couverts
    De gros monceaux neigeux tremblent presque à l'envers,
    Borée galope en l'air comme à bride avalée.

    On marche maintenant sur la Seine gelée,
    Et sans crainte de rien on la passe au travers,
    Le vent rabat les huis d'un branlement divers,
    Au centre de Pluton la...

  • J'adore la banlieue avec ses champs en friche
    Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
    Me parle de quartiers dès longtemps démolis.
    Ô vanité ! Le nom du marchand que j'y lis
    Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
    Je m'attarde. Il n'est rien ici qui ne me plaise,
    Même les pissenlits frissonnant dans un coin.
    Et puis, pour regagner les...

  • Bien que les champs, les fleuves et les lieux,
    Les monts, les bois, que j'ai laissés derrière,
    Me tiennent loin de ma douce guerrière,
    Astre fatal d'où s'écoule mon mieux,

    Quelque Démon par le congé des Cieux,
    Qui présidait à mon ardeur première,
    Conduit toujours d'une aile coutumière
    Sa belle image au séjour de mes yeux.

    Toutes les nuits,...

  • Autrefois le Rat de ville
    Invita le Rat des champs,
    D'une façon fort civile,
    A des reliefs d'Ortolans.

    Sur un Tapis de Turquie
    Le couvert se trouva mis.
    Je laisse à penser la vie
    Que firent ces deux amis.

    Le régal fut fort honnête,
    Rien ne manquait au festin ;
    Mais quelqu'un troubla la fête
    Pendant qu'ils étaient en train....

  • Le soir, à la campagne, on sort, on se promène,
    Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ;
    Moi, je vais devant moi ; le poète en tout lieu
    Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu.
    Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute.
    Pourtant, si quelqu'un veut m'accompagner en route,
    J'accepte. Chacun a quelque chose en l'esprit ;
    Et...

  • Je me penche attendri sur les bois et les eaux,
    Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ;
    J'ai la pitié sacrée et profonde des choses ;
    J'empêche les enfants de maltraiter les roses ;
    Je dis : N'effarez point la plante et l'animal ;
    Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.
    Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies,
    Rayonnent au...

  • Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
    Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
    Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
    Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
    Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
    Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
    Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
    De petits airs...

  • I

    Aux champs, compagnons et compagnes !
    Fils, j'élève à la dignité
    De géorgiques les campagnes
    Quelconques où flambe l'été !

    Flamber, c'est là toute l'histoire
    Du coeur, des sens, de la saison,
    Et de la pauvre mouche noire
    Que nous appelons la raison.

    Je te fais molosse, ô mon dogue !
    L'acanthe manque ? j'ai le thym....