Adieu les jours sereins, et les nuits étoilées !
La neige à flocons lourds s'amoncelle à foison
Au penchant des coteaux, dans le fond des vallées
C'est le dernier effort de la rude saison.
C'est le mois ennuyeux, le mois des giboulées ;
Des frimas cristallins l'étrange floraison
Brode ses fleurs de givre aux branches constellées ; -
Là-bas un trait...
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La neige fond partout ; plus de lourde avalanche.
Le soleil se prodigue en traits plus éclatants ;
La sève perce l'arbre en bourgeons palpitants
Qui feront sous les fruits, plus tard, plier la branche.
Un vent tiède succède aux farouches autans ;
L'hirondelle est absente encor ; mais en revanche
Des milliers d'oiseaux blancs couvrent la plaine blanche,... -
Ami, sur le flot noir ou la vague opaline,
Naïfs fervents du Rêve ou jouets du Destin,
Bien longtemps nous avons vers un port incertain
Ouvert la même voile à la brise féline.
Comme il est loin déjà notre premier matin ?
Voici qu'à l'horizon notre soleil décline ;
Et, voyageurs lassés, du haut de la colline,
Nous tournons nos regards vers le passé... -
A mon ami, M. le sénateur Forget
Voici le flot jaseur ; le castel est tout proche,
Encadré de jardins, de bosquets, de maquis ;
Un grand peintre en ferait un ravissant croquis
Cet asile enchanté, c'est le Bois de la Roche.
Au seuil où nous attend l'accueil le plus exquis,
Un groupe radieux sourit à notre approche ;
On sent comme un fumet de... -
Les feuilles des bois sont rouges et jaunes ;
La forêt commence à se dégarnir ;
L'on se dit déjà : l'hiver va venir,
Le morose hiver de nos froides zones.
Sous le vent du nord tout va se ternir...
Il ne reste plus de vert que les aulnes,
Et que les sapins dont les sombres cônes
Sous les blancs frimas semblent rajeunir.
Plus de chants joyeux... -
O frais miroir ! Sa nappe humide se découpe
Dans les sables un lit paisible au creux d'un val ;
Des montagnes lui font un cadre sans rival,
Et dans son flot dormant doublent leur ronde croupe.
Sur la rive, un balcon d'aspect oriental
Emerge d'un massif d'érables qui se groupe
Au fond de l'anse où dort une svelte chaloupe
Dont le flanc touche à peine... -
Enfant de M. Chs Langelier
Enfant, sous les langes de toile
Dont s'enveloppe ton sommeil,
Dis-nous, à ton premier réveil,
Le doux mystère qui te voile.
Dis, quelque chérubin vermeil
T'a-t-il apporté dans son voile ?
Es-tu le reflet d'une étoile
N'es-tu qu'un rayon de soleil ?
Et le petit que l'on adore,
De son regard que... -
A Mme J.R. Thibaudeau
Madame, dans la longue et brillante série
Des bonheurs radieux que Dieu vous a donnés,
Vous avez, comme nous, des moments fortunés,
Plus ou moins caressants pour votre âme attendrie.
Or l'instant le plus beau - minute, heure fleurie ! -
Dont vos jours si sereins se soient illuminés,
C'est sans doute celui dont ---vous me... -
Pittoresque manoir, retraite hospitalière
Où Papineau vaincu coula ses derniers jours,
J'aime à revoir tes murs, ta terrasse, tes tours
Secouant au soleil leur panache de lierre.
Qui suit de tes sentiers la courbe irrégulière,
En s'égarant sous bois, s'imagine toujours
Voir, dans le calme ombreux de leurs secrets détours,
Glisser du grand tribun l'... -
L'eau qui se précipite en énorme volume,
Heurtant l'angle des rocs sur leur base tremblants,
Avec de longs cris sourds roule en tourbillons blancs
C'est le fleuve qui prend sa course dans la brume.
Comme un cheval fougueux dont on saigne les flancs,
Il se cabre d'abord, puis court, bondit, écume,
Et va dans le lointain cacher son flot qui fume,
...