•  
    Bulbul enivre toute oreille
    De sons, de musique et de bruit ;
    Sa voix éclatante réveille
    Les échos charmés d’une nuit ;

    La douce et blanche tourterelle
    N’a qu’une note dans la voix :
    Mais cette note est éternelle,
    Et ne dort jamais sous les bois ;

    C’est un souffle qu’amour agite,
    Un soupir qui pleure en sortant ;
    C’est un...

  •  
    Si tu cherches la paix et l’abri pour ton rêve,
    Pourquoi bâtir ton nid si près du grand écueil ?
    J’aime mieux la maison du pêcheur sur la grève.
    Dont la vague en hurlant vient caresser le seuil ;

    J’aime mieux la maison du pâtre sous la neige
    D’une alpe qui blanchit sous un soleil levant.
    Où Ton entend sonner le givre qui l’assiège,
    Dont la...

  • Frère, le temps n’est plus où j’écoutais mon âme
    Se plaindre et soupirer comme une faible femme
    Qui de sa propre voix soi-même s’attendrit,
    Où par des chants de deuil ma lyre intérieure
    Allait multipliant comme un écho qui pleure
              Les angoisses d’un seul esprit.

    Dans l’être universel au lieu de me répandre,
    Pour tout sentir en lui, tout...

  •  
    Aimons-nous ! nos rangs s’éclaircissent,
    Chaque heure emporte un sentiment ;
    Que nos pauvres âmes s’unissent
    Et se serrent plus tendrement !

    Aimons-nous ! notre fleuve baisse ;
    De cette coupe d’amitié
    Que se passait notre jeunesse,
    Les bords sont vides à moitié.

    Aimons-nous ! notre beau soir tombe ;
    Le premier des deux endormi...

  •  
    Les lionceaux ont des asiles,
    Les oiseaux du ciel ont des nids :
    Les pauvres mères de nos villes
    N’ont point de toits pour leurs petits !

    Oh ! rouvrez-leur des bras de mère,
    Donnez-leur le lait et le pain,
    Et gardez de la graine amère
    Le van qui leur épand le grain !

    Et vous, venez, timide enfance ;
    Bénissez Dieu sur leurs genoux...

  •  
    O philosophe, ô solitaire
    Sur la montagne retiré,
    Qui répands de là sur la terre
    La chaleur d’un cœur inspiré !

    Quand je m’assois dans ces retraites
    Pleines de générations,
    Où tu ranges sur deux tablettes
    La sagesse des nations,

    Dans ces catacombes des âges,
    En un volume reliés,
    Quand je vois dans deux ou trois pages
    ...

  •  
    Tes vers jaillissent, les miens coulent :
    Dieu leur fit un lit différant ;
    Les miens dorment et les tiens roulent
    Je suis le lac, toi le torrent !

  •  
    Ah ! béni soit celui dont l’amitié discrète
    Me prodigue ses vœux sans oser se nommer ;
    Et que ces vœux touchants qu’il adresse au poète
    Retombent sur son front, comme des fleurs qu’on jette
    Retombent pour nous embaumer.

  •  
    Quand, assise le soir au bord de ta fenêtre,
    Devant un coin du ciel qui brille entre les toits,
    L’aiguille matinale a fatigué tes doigts,
    Et que ton front comprime une âme qui veut naître.
    Ta main laisse échapper le lin brodé de fleurs
    Qui doit parer le front d’heureuses fiancées,
    Et, de peur de tacher ses teintes nuancées,
    Tes beaux yeux...

  •  
    Des cheveux ! mais ils sont blanchis sous les années !
    Des cheveux ! mais ils vont tomber sous les hivers !
    Que feraient tes beaux doigts de leurs boucles fanées ?
    Pour tresser la couronne, il faut des rameaux verts.

    Crois-tu donc, jeune fille aux jours d’ombre et de joie,
    Qu'un front d’homme chargé de quarante printemps
    Germe ces blonds anneaux et...