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    C’était l’heure où la terre appartient au soleil,
    Où les chemins poudreux luisent d’un ton vermeil,
    Où rien n’est confondu dans l’aride campagne,
    Où l’on voit les troupeaux dormir sur la montagne,
    Et le pâtre robuste avec ses beaux chiens blancs
    Étaler auprès d’eux ses membres nonchalants,
    L’heure aux grands horizons, l’heure où l’ombre est mortelle...

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    Salvator.

    Je t’envie, ô pêcheur ! Sur la grève et le sable
    Je voudrais, comme toi, savoir tirer un câble,
    Mettre une barque à sec, et le long de ses flancs
    Sécher au plein soleil mes filets ruisselants.
    Je t’envie, ô pêcheur ! Quand derrière Caprée
    Le soleil a quitté sa tunique pourprée,
    ...

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    Chantre mélodieux né sous le plus beau ciel,
    Au nom doux et fleuri comme une lyre antique,
    Léger napolitain, dont la folle musique
    A frotté, tout enfant, les deux lèvres de miel,

    Ô bon Cimarosa ! Nul poëte immortel,
    Nul peintre, comme toi, dans sa verve comique,
    N’égaya des humains la face léthargique
    D’un rayon de gaîté plus franc et naturel...

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    Dieu du ciel, ô mon Dieu, par quels sombres chemins
    Passent journellement des myriades d’humains ?
    Combien de malheureux sous ses monceaux de pierre
    Toute large cité dérobe à la lumière,
    Que d’êtres gémissants cheminent vers la mort,
    Le visage hâlé par l’âpre vent du sort ?
    Ah ! Le nombre est immense, horrible, incalculable,
    À vous faire jeter...

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    Nourrice d’Allegri, Parme, cité chrétienne,
    Sois fière de l’enfant que tes bras ont porté !
    J’ai vu d’un œil d’amour la belle antiquité,
    Rome en toute sa pompe et sa grandeur païenne ;

    J’ai vu Pompéï morte, et comme une athénienne,
    La pourpre encor flottant sur son lit déserté ;
    J’ai vu le dieu du jour rayonnant de beauté
    Et tout humide encor...

  • Ô mère d’Allegri ! Parme, cité chrétienne,
    Sois fière du héros que tes flancs ont porté ;
    J’ai vu d’un œil d’amour la belle antiquité,
    Rome en toute sa pompe et sa grandeur païenne ;

    J’ai vu Pompéi morte, et comme une Athénienne,
    La pourpre encor flottant sur son lit déserté ;
    J’ai vu le dieu du jour rayonnant de beauté
    Et tout humide encor de la...

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    I

    Oh ! Lorsqu’un lourd soleil chauffait les grandes dalles
              Des ponts et de nos quais déserts,
    Que les cloches hurlaient, que la grêle des balles
              Sifflait et pleuvait par les airs ;
    Que dans Paris entier, comme la mer qui monte,
              Le peuple soulevé grondait,
    Et qu’...

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    Dante, vieux gibelin ! Quand je vois en passant
    Le plâtre blanc et mat de ce masque puissant
    Que l’art nous a laissé de ta divine tête,
    Je ne puis m’empêcher de frémir, ô poëte !
    Tant la main du génie et celle du malheur
    Ont imprimé sur toi le sceau de la douleur.
    Sous l’étroit chaperon qui presse tes oreilles
    Est-ce le pli des ans, ou le...

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    Les Alpes ont beau faire et m’opposer leur dos,
    Leurs glaciers verts et bleus aux terribles passages,
    Et leurs pics décharnés où les sombres nuages
    Viennent traîner le ventre et se mettre en lambeaux ;

    Tombent, tombent sur moi, leurs effrayantes eaux,
    Leurs torrents bondissants, leurs neiges, leurs orages,
    Et que les vents sortis de cent rochers...

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    O races de nos jours, ô peuples ahuris,
    Désertez les lieux saints et les sentiers prescrits,
    Et vous, sombres moellons des vieilles cathédrales,
    Du haut des airs roulez dans la main des vandales !
    Partout il sort de terre un nouveau monument
    À la base profonde, au solide ciment,
    Que les vents déchaînés, les flèches de la foudre,
    Toute l’ire des...