•  

    Est-ce la nuit ? Non, c’est le jour, un jour livide,
    Un jour qui désespéra, empli d’un morne effroi.
    Tout est noir. Au lointain s’enfle la mer avide,
    Et comme un mur d’horreur, apparu dans le vide,
    La vague gigantesque a surgi devant moi.

    Elle agite, en hurlant, ses longs cheveux d’écume,
    Indomptable cavale au poil toujours fumant ;
    Au-dessus...

  • LE VALET DE CŒUR

    Au bal de la Reine de Pique

    Un valet rouge est aperçu.
    « Toi, l’As, pourquoi l’avoir reçu

    Par ta poterne trilobique ? »

    ...
  • L’or migrateur qui passe où s’exalte la force
    Avait choisi jadis, en son vol arrogant,
    Pour double colombier glorieux, Bruge et Gand,
    Dont les beffrois dressaient, au grand soleil, leurs torses.

    Les deux cités dardaient un pouvoir inégal,
    Mais un égal orgueil vers l’avenir splendide,
    Comme les deux Van Eyck — vastes cerveaux candides —
    Dressaient d’un...

  • Dès le matin, au seuil des bouges,

    Sous une tente ouverte à l’air,
    S’assoient les gais vanniers,
    Mêlant les osiers rouges
    Aux clairs osiers

    De leurs paniers.

    Les nasses et les clisses

    Par lots égaux se répartissent ;
    On fait toilette nette
    Aux...

  • Son pas a la douceur des brises sous les branches,
    Et les perles du gui, les violettes blanches
    Parent suavement ses cheveux aux blonds verts.

    Les roses, découvrant leurs rires entr’ouverts,
    Effleurent Velléda, la jeune Druidesse.

    Les...

  • LE VENT

    De part en part,

    À chaque angle, par chaque fente,
    Sous les averses,
    Les glaives nus du vent traversent

    Le corps en pierre de la tour.

     

    ...
  • Voici trois mois qu’on l’a porté en terre,

    Et le désir des héritiers
    Est qu’on vende, jusqu’au dernier,
    Aux volantes enchères,
    Les meubles familiers

    Du vieux notaire.

    La servante qui l’assista, quand il mourut,

    A requinqué, depuis trois jours,
    Avec...

  • Mon esprit triste, et las des textes et des gloses,
    Souvent s’en va vers ceux qui, dans leur prime ardeur,
    Avec des cris d’amour et des mots de ferveur,
    Un jour, les tout premiers, ont dénommé les choses.

    Ne sachant rien,
    Ils découvraient en s’exaltant
    La souffrance, le mal ; ou le plaisir, le bien.
    Ils confrontaient, à chaque instant,
    Leur âme...

  • Au diable la poésie,
    Mon ami Ponchon,
    Mangeons avec frénésie
    Du rose cochon.

    Est-ce que Noël, poète,
    ...

  • Ô race humaine aux astres d’or nouée,
    As-tu senti de quel travail formidable et battant,
    Soudainement, depuis cent ans,
    Ta force immense est secouée ?

    Du fond des mers, à travers terre et cieux,
    Jusques à l’or errant des étoiles perdues,
    De nuit en nuit et d’étendue en étendue,
    Se...