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    À M. Philippe Pelletier.

    Derrière le coteau le soleil a sombré,
    Marquant l’horizon bleu d’un long sillage rose,
    Et le vieux laboureur, revenu de son pré,
    S’est assis, seul, devant sa porte, et s’y repose.

    Il s’y repose, en paix, tourné vers l’infini,
    Contemplant les splendeurs du firmament immense,
    Et remerciant Dieu qui sur...

  • Éloignez de mes yeux les flamboiements barbares
    Du Rouge, cri de sang que jettent les fanfares.

    Éteignez la splendeur du Jaune, cri de l’or,
    Où le soleil persiste et ressurgit encor.

    Écartez le sourire invincible du Rose,
    Qui jaillit de...

  • Contemple les couleurs des ténèbres. Tes yeux
    Sauront, comme les miens, interpréter les cieux.

    J’ai vu le violet des nuits graves et douces,
    Le vert des nuits de paix, la flamme des nuits rousses.

    J’ai vu s’épanouir, rose comme une fleur,...

  • Peut-être un jour l’époux selon l’amour, l’épouse
    Selon rameur, selon l’ordre d’Emmanuel.
    Sans que lui soit jaloux, sans quelle soit jalouse,
    Leurs doigts libres pliés au travail manuel,
    Fervents comme le jour où leurs cœurs s épousèrent.
    Nourriront dans leur âme un feu venu du ciel;
    Le feu du dieu charmant que les bourreaux brisèrent.
    Le feu...

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    Je connais, Madame, un bonhomme
    Qui serait bien mal à la Cour.
    Je ne sais comment il se nomme,
    Sa femme n’est pas laide, en somme,
    Non…, elle est très digne d’amour.

    Elle a de l’œil et de la taille,
    Un petit soulier de satin.
    C’est une blonde, toute en paille.
    Mais, voyez, Madame, elle baille
    Dès les onze heures du matin.

    L...

  • La neige a chu, myriadaire et successive,

    Couvrant la grange vieille et le fournil branlant,
    Et sur le pommeau noir de la pompe massive

    Posant en rond un pommeau blanc.

    Dans le chemin qu’il fraye

    De la meule jusqu’à la haie,
    Les clous que le valet planta dans...

  • Ô cri
    Qui retentis, ici,
    Monde, l’écoutes-tu à travers tes ruines
    Gronder et s’exalter de poitrine en poitrine ?

    Ce n’est plus le grand cri d’amour miraculeux
    Que les peuples jadis se...

  • Savez-vous bien, ô femmes,
    Que ce serait infâme
    Si vous en reveniez
    À ces paniers

    Dénommés crinolines.
    Y seriez-vous enclines ?
    Que ce serait rossard
    ...

  • Un cri s’élève, et vole, et frappe, et puis s’étend
    D’Ardenne en Vermandois, et de Flandre en Luzarche ;
    Et les glaives au clair et les pennons en marche,
    Dès que passe ce cri, hérissent l’Occident.

    Ô ces milliers de pas, sur ces milliers de routes,
    Ô ce bruit régulier, fourmillant et profond,
    Dont tressaillent les eaux, dont s’émeuvent les monts,
    ...