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    La nuit pâle s’enfuit ; l’étoile d’or s’éteint.
    Dans les joncs somnolents s’éveillent des bruits vagues.
    La mer blanchissante a des frou-frous de satin
    Sur les galets polis et clairs comme des bagues.

    Dans l’anse tout s’anime, hommes, bateaux et dragues.
    Sur la dune, grisé de l’arôme du thym,
    Le bouvreuil se querelle avec l’écho mutin.
    La...

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    La nuit d’hiver étend son aile diaphane
    Sur l’immobilité morne de la savane
    Qui regarde monter, dans le recueillement,
    La lune, à l’horizon, comme un saint-sacrement.
    L’azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
    Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
    La rafale se tait, et les sapins glacés,
    Comme des spectres blancs, penchent leurs...

  • Autour de la jeune Eglise,
    Par les prés et les clôtures
    Et les vieilles routes pures,
    La nuit comme une eau s’épuise.

    C’est l’aube toute divine
    Et la plage violette,
    Avec des voiles en fête
    Au ciel tel qu’une marine.

    Guerre et semaille, avalanche
    De nos thèmes et nos mythes,
    Par les labours sans limites
    Sommeillent pour les...

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    Comme le vent du nord emporte les oiseaux
    Par delà les grands monts, les forêts et les eaux,
    Bien souvent, dans le siècle en délire où nous sommes,
    Un souffle irrésistible entraîne au loin les hommes,
    Jetant sur tous les bords leurs groupes dispersés.

    Ce souffle impétueux, frères, vous a poussés
    Hors des champs arrosés par le sang de vos pères ;...

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    Un jour du mois de mars sur le flanc des Rocheuses.

    Le soleil éclatant fond les couches neigeuses
    Enveloppant les monts couronnés par l’éther.
    Pas un souffle de vent ne tressaille dans l’air.
    Pas un nuage au ciel ne fait tache. Un silence
    Inexprimable dort sur l’étendue immense.
    On dirait que la paix des temps originels
    A toujours habité les...

  • Les Avares des régions de Flandre

    N’ont poings et mains que pour garder ou prendre ;
    L’âpre janvier, avec sa neige et ses glaçons,
    Règne en leur cœur et les travaille,
    Mordant leur être inculte et ses broussailles,

    À fond.

    Un sang d’astuce et de discorde,

    ...

  • Ave

     
    Très haut amour, s’il se peut que je meure
    Sans avoir su d’où je vous possédais,
    En quel soleil était votre demeure
    En quel passé votre temps, en quelle heure
            Je vous aimais,

    Très haut amour qui passez la mémoire,
    Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour,
    En quel destin vous traciez mon histoire,
    En quel sommeil se voyait...

  • Avec la mort tu te maries
    Sans le consentement des dieux ;
    Mais le suicide est tricherie
    Qui nous rend aux joueurs odieux,
    De leur ciel nous fermant la porte.

    Les morts que l’on n’attendait pas
    Devant le ciel font les cent pas
    Et leurs âmes sont feuilles-mortes
    Jouets des vents, des quatre vents.

    Parce qu’au ciel on garde l’âge
    Que...