• Mentons carrés et gros, cheveux pesants et roux,
    Ils se dressent, là-bas, à l’horizon des âges,
    Dans un emmêlement de grands gestes sauvages,
    Parmi les îlots gris d’un sol poreux et mou.

    De l’eau au loin, partout. À peine un coin de terre ;
    À peine un buisson mort, sur un tertre fangeux ;
    Et la pluie et le vent et le brouillard rugueux
    Et, vers le...

  • L’ANCIENNE FOI

    Si ton nom sonne creux dans ma ferme poitrine,
    Si mon âme est un lieu de décombres rempli
    Où ma croyance ancienne est vouée à l’oubli,
    Seigneur, je n’ai rien fait pour hâter ma ruine.

    Je t’ai longtemps servi d’un cœur timide et doux,
    Criant vers ton silence et ma joie et ma crainte ;
    ...

  • Le ciel enténébré de ses plus tristes hardes
    S’accroupit sur le drame universel du pic.
    Le violent triangle de l’arme des gardes
    A l’air au bout du bois d’une langue d’aspic.

    Parmi des clous, entre deux loups à face humaine,
    Pantelant ainsi qu’un quartier de venaison
    Agonise l’Agneau déchiré par la haine,
    Celui-là qui donnait son âme et sa maison....

  • Le Bel au front de sacre éventé par la palme
    Honore de sa faim l’orthodoxe Simon.
    L’olive et le raisin, son pressoir de dents calme
    En fait l’offrande fraîche à son divin limon.

    Depuis la Crèche où zézayaient les ailes blanches
    Des séraphins éclos parmi l’avènement
    Et depuis Nazareth où l’on sciait des planches,
    Nombreux fut le voyage, aussi l’...

  • Sourire enclos en des fleurs de rosier
    Je vis de par la magnifique haleine
    Et je triomphe, avec dans le gosier
    Le chant joli des ailes de la plaine.

    Dieu, je suis toi dans un creux de la main,
    Reflet resté de ta coquetterie
    En quelque pluie où d’un regard humain
    Se dut mirer ton unité fleurie.

    Nue, or je vais sous l’arc vif du soleil
    Qui...

  • Au verbe de Jésus, le cadavre vagit.
    Le sépulcre accouchait d’une forme olivâtre
    Dont les cils dégrafés versaient des regards d’âtre.
    Et la foule, béante, ainsi qu’un bœuf mugit.

    — L’aurore courtisait les lys de Béthanie. —
    Les bras de l’affranchi du manoir sans vantail
    Se prirent à tiquer en bras d’épouvantail,
    Lin grillon fol hantait la mâchoire...

  • Les yeux hébreux font une bague au Tabernacle
    Où germe le pardon que marchande Israël.
    Jéhovah l’Offensé songe en son habitacle
    De sittim odorant qu’ouvragea Bésalel.

    Ce songe est tapissé de pourpre, d’hyacinthe,
    De cramoisi ; des colonnettes sveltes d’or
    En sont les gardiens clairs, et d’argent est leur plinthe.
    L’encens nimbe d’un lange avare le...

  • L’éloquence des nuits clignote sur Ithaque.
    Un chœur d’avènement palpite dans les bois.
    Sur les cadences d’huile une carène craque
    Puis le sable trahit des pas vus autrefois.

    La Reine, sur l’ivoire et l’argent de son thrône,
    Sculptée, enclose des douze agrafes d’or fin
    De son peplos, rêvant, hèle comme une aumône
    L’Absent au casque vif dont son vieux...

  • C’était au temps abstrait de Seul : futur, l’objet
    S’essayait vers la ligne où le vœu sera chose ;
    L’âme, aux ailes de plan ouvertes pour le jet,
    Aspirait à l’argile en le gré de la Cause.

    Or Seul, hanté par l’odorance du Jardin
    Prêt à jaillir des hauts sillons de sa pensée,
    Vit se cabrer devant son mystère, soudain,
    Le saisissable éclat d’une Flamme...

  • L’Angleterre !
    Elle s’ancrait parmi les eaux,
    Comme un immense et solide vaisseau
    Fait de granit et de terre ;
    ...