•  
    Poème couronné par l’Académie des Jeux floraux du Languedoc.

    À M l’abbé J.―Eugène Martin.

    Nous sommes sur le fier plateau du mont Sainte-Anne.
    Devant nous, vers le sud, dans la mer calme et plane
    ― D’où semble s’élever un suave sanglot ―
    Ainsi qu’un colossal et muet cachalot
    Émergeant des flots bleus, l’île Bonaventure
    Profile...

  •  
    Ainsi que le poète, ô sculpteur inspiré,
    Vous aimez errer seul au bord du flot qui tonne,
    A gravir les sommets dont la hauteur étonne,
    A suivre du regard le nuage doré.

    De rêves, comme lui, vous êtes enivré.
    Vous tenez à vos pieds le nimbe et la couronne,
    Et votre main, toujours sévère, ne les donne
    Qu’à ceux pour qui l’honneur est un fleuron...

  • Ton corps est un jardin impérial :
    Toutes les fleurs s’y donnent rendez-vous,
    Les roses qu’on y rêve et les œillets fous ;
    C’est Floréal, Germinal, Prairial.

    Sur tes seins blancs, voici les lis éclore,
    J’entends tinter des muguets dans ta bouche,
    Et dans tes yeux où le faste se couche
    S’épanouit une...

  • Si je pouvais, pour toi, faire quelques miracles,
    Obscurcir le soleil, et arrêter le cours
    Des années s’envolant sans que de vains obstacles
    N’aient dompté un instant la fuite des beaux jours.

    Si je pouvais aussi d’un Éden idyllique,
    Retrouver le secret avec l’enchantement,
    Dis, accepterais-tu, par un seul mot magique,
    Un discret sort de charme et de...

  • Hélas ! en aucun lieu sous le soleil,
    Bannière au clair, ne s’exaltent les chevauchées
    Des escadrons bondissants et vermeils.
    Tout se passe là-bas, en des plaines transies,
    En France, en Allemagne,...

  •  
    Vous avez recueilli des mains d’un roi mourant
    — Qui chérissait en vous la perle des compagnes,
    Et qui de ses sujets fut le doux conquérant ―
    Le sceptre altier sous qui bat le cœur des Espagnes.

    Vous l’avez accepté pour votre jeune enfant.
    C’était un legs bien lourd, ô grande et noble veuve !
    Aussi, devant la croix avez-vous bien souvent
    ...

  • A sa Muse – A Diane – A la Jeune Fille de Mégare… [1]

    A SA MUSE

    Pourquoi pleurer, ma Muse, à ton premier printemps,
    Et ceindre ton beau front d’une noire tunique
    Dans des euphorbes d’or à tiges...

  •  
    À l’occasion de son retour d’Europe.

    Quand le drapeau français, que la gloire illumine,
    S’envola du sommet de nos murs en ruine,
    Au milieu des navrants sanglots d’un peuple enfant,
    Que l’Amérique avait toujours vu triomphant,
    Aux bords du Saint-Laurent, dédaignés de Voltaire
    Et convoités depuis cent ans par l’Angleterre,
    Nos...

  •  

    Tu voulais recueillir, comme en un reliquaire,
    Les noms des vétérans du groupe audacieux
    Qui s’obstine à lutter pour garder sous nos cieux
    Le verbe si fécond de la France, ta mère.

    Tu fis un livre aussi viril que gracieux,
    Une œuvre de justice, une œuvre salutaire.
    Et la Gloire, là-bas, au pays des aïeux,
    Hier, a sur ton chef posé sa main...

  •  
    Dans l’arbre surplombant la cataracte blanche
    Dont les grondements sourds attristent les échos,
    Le chantre de l’été parfois le soir se penche
    Et mêle sa cantate aux mille bruits des flots.

    Ô merveille ! bientôt la limpide avalanche,
    Pour entendre monter dans l’air les trémolos
    Que le doux rossignol fait pleuvoir de la branche,
    Semble...