• L’épouseur de famille
              Fuit la fille
    Qui n’a pour dot qu’un cu
              Sans écu.
    Aussi, quoique jolie,
              Azélie
    Se trouve vierge encor
              Faute d’or.
    Le désir la picote
              Sous sa cotte,
    Et souvent elle doit
              Mettre un doigt
    Qui longtemps y repose
              Sur sa rose....

  • Le marchand de cercueils vient de trousser ses manches
    Et rabote en sifflant, les pieds dans les copeaux.
    L’année est bonne ; il n’a pas le moindre repos
    Et même il ne boit plus son gain tous les dimanches.

    Tout en jouant parmi les longues bières blanches,
    Ses enfants, deux blondins tout roses et dispos,
    Quand passe un corbillard, lui tirent leurs chapeaux...

  • Comme le vent d’automne emporte,
    Pour les ranimer un instant,
    Fleur desséchée & feuille morte,
    En son tourbillon inconstant,

    Dans ces lettres, tristes trophées,
    Pauvre tas de papier jauni,
    Vibre aussi par molles bouffées
    Le grand souffle de l’infini.

    Ô spectres qu’aujourd’hui je touche,
    Chers inconnus que j’entrevois,
    La mort en...

  •  
    Ils sont partis sans que rien les arrête,
    Laissez-les faire, ils n'iront pas bien loin.
    De déserter est un trait malhonnête
    Dont les ingrats ont payé notre soin.
    Au trébuchet, donnant à pleine tête,
    Ils s'y sont pris tout en faisant chemin.

    Par des serments, ainsi que par des larmes,
    Les traîtres savent regagner les cœurs,
    Le patriote,...

  •  

    Donc, ta voix de bronze est éteinte:
    Te voilà muet à jamais !
    L’heure plus ne vibre ou ne tinte
    Dans la grand’salle que j’aimais,

    Où je venais, après l’étude,
    Fumer le soir, rythmant des vers,
    Où l’abri du monde pervers
    Éternisant ma solitude.

    Sur le buffet aux tons noircis
    De chêne très ancien, ton ombre
    Lamente-t-elle,...

  • Ils crûrent en beauté, côte à côte autrefois
                Tous, noble orgueil de la Famille,
    Oh ! demandez aux monts, à l’océan, aux bois
                Où dort maintenant leur argile ?

    La même tendre mère autrefois, chaque soir
                Se penchait sur le front d’un ange,
    Elle avait sous les yeux chaque fleur...