Nécropolis
Sur la terre on est mal : sous la terre on est bien. (PETRUS BOREL)
I
Voici ce qu'un jeune squelette Me dit les bras croisés, debout, dans son linceul, Bien avant l'aube violette, Dans le grand cimetière où je passais tout...
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Et je m'étais fait une vie Si digne d'amour ou d'envie, Une vie à décourager Tout coeur qui lutte ou dissimule, Tout adversaire ou tout émule, Cerveau pensif ou coeur léger.
Maintenant ma vie est en cendres. Ses trois merveilles les plus tendres...
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À José Maria de Heredia.
De ses quatre pieds purs faisant feu sur le sol, La Bête chimérique et blanche s'écartèle, Et son vierge poitrail qu'homme ni dieu n'attelle S'éploie en un vivace et mystérieux vol.
Il monte, et la crinière éparse en auréole ...
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Plus pur que l'air nocturne où l'or bleu s'éblouit Plus pur que le désir suscité par les astres Un coeur de marbre qu'un lent souffle épanouit Éclôt d'une colonne où l'or des astres luit. Fleur ! ô les coeurs d'acanthe aux cous blancs des pilastres !
Les...
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Le premier me donna un collier, un collier de perles qui vaut une ville, avec les palais et les temples, et les trésors et les esclaves.
Le second fit pour moi des vers. Il disait que mes cheveux sont noirs comme ceux de la nuit sur la mer et mes yeux bleus...
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Quod jam in amplexu partim audivit Ariadne.
I
" Ouvre sur moi tes yeux si tristes et si tendres, Miroirs de mon étoile, asiles éclairés, Tes yeux plus solennels de se voir adorés, Temples où le silence est le secret d'entendre.
Quelle île...
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La pluie fine a mouillé toutes choses, très doucement, et en silence. Il pleut encore un peu. Je vais sortir sous les arbres. Pieds nus, pour ne pas tacher mes chaussures.
La pluie au printemps est délicieuse. Les branches chargées de fleurs mouillées ont un parfum...
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Ne t'ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme, Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien, Et si avec l'air du ciel italien Il n'a humé l'ardeur qui l'Italie enflamme.
Le saint rayon qui part des beaux yeux de ta dame Et la sainte faveur de ton prince et du mien,...
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Il fait bon voir, Paschal, un conclave serré, Et l'une chambre à l'autre également voisine D'antichambre servir, de salle et de cuisine, En un petit recoin de dix pieds en carré :
Il fait bon voir autour le palais emmuré, Et briguer là-dedans cette troupe divine...
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Tu ne me vois jamais, Pierre, que tu ne die Que j'étudie trop, que je fasse l'amour, Et que d'avoir toujours ces livres à l'entour Rend les yeux éblouis et la tête alourdie.
Mais tu ne l'entends pas : car cette maladie Ne me vient du trop lire ou du trop long...
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