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    Sur un îlot désert de l’Ottawa sauvage,
    Le voyageur remarque, à deux pas du rivage,
    Un tertre que la ronce achève de couvrir :
    Un jour quelqu’un, ici, s’arrêta pour mourir.

    L’humble tombe des bois n’a ni grille ni marbre ;
    Mais, poëte naïf, à l’écorce d’un arbre
    Cet étrange mourant confia son regret,
    Jetant sa plainte amère au vent de la forêt...

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    Salut ! Père-des-Eaux, fécond Meschacébé,
    Fleuve immense qui tiens tout un monde englobé
    Dans tes méandres gigantesques !
    Toi dont les flots sans fin, rapides ou dormants,
    A des bords tout peuplés de souvenirs charmants
    Chantent cent poëmes dantesques !

    Comme l’antique Hercule, ô colosse indompté,
    Tu t’en vas promenant ta fière majesté
    ...

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    Dix printemps n’avaient pas encore
    Fleuri sur son front pâle et doux ;
    De ses grands yeux fixés sur nous
    S’échappaient des rayons d’aurore.

    L’enfance avec tous ses parfums,
    Rayonnante comme un symbole,
    Enveloppait d’une auréole,
    Les ondes de ses cheveux bruns.

    Sa petite âme, à la lumière,
    Rose mystique, s’entr’ouvrait ;
    ...

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    O soir charmant ! La nuit aux voix mystérieuses
    Nous caressait tous trois de ses molles clartés ;
    Et nous contemplions, moi rêveur, vous rieuses,
    De la lune et des flots les magiques beautés.

    Le steamer qu’emportait la roue au vol sonore,
    Eparpillait au loin, sur le fleuve écumeux,
    Des gerbes de lumière et des reflets d’aurore,
    Qui s’...

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    C’était un lieu charmant, une roche isolée,
    Seule, perdue au loin dans la bruyère eu fleur ;
    La ronce y rougissait, et le merle siffleur
    Y jetait les éclats de sa note perlée.

    C’était un lieu charmant. Là, quand les feux du soir
    Empourpraient l’horizon d’une lueur mouvante,
    En écartant du pied la luzerne odorante,
    Tout rêveurs, elle et moi,...