• Tout, paysage affligé de tuberculose,
    Bâillonné de glaçons au rire des écluses,
    Et la bise soufflant de sa pécore emphase
    Sur le soleil qui s'agonise
    En fichue braise...

    Or, maint vent d'arpéger par bémols et par dièzes,
    Tantôt en plainte d'un nerf qui se cicatrise,
    Soudain en bafouillement fol à court de phrases,
    Et puis en sourdines de ruse...

  • Je me souviens, - dis, rêvé ce bal blanc ?
    Une, en robe rose et les joues en feu,
    M'a tout ce soir-là dévoré des yeux,
    Des yeux impérieux et puis dolents,
    (Je vous demande un peu !)

    Car vrai, fort peu sur moi d'un en vedette,
    Ah ! pas plus ce soir-là d'ailleurs que d'autres,
    Peut-être un peu mon natif air d'apôtre,
    Empêcheur de danser en rond...

  • Quand reviendra l'automne,
    Cette saison si triste,
    Je vais m' la passer bonne,
    Au point de vue artiste.

    Car le vent, je l' connais,
    Il est de mes amis !
    Depuis que je suis né
    Il fait que j'en gémis...

    Et je connais la neige,
    Autant que ma chair même,
    Son froment me protège
    Contre les chairs que j'aime...

    Et comme je...

  • A Madame ***

    I

    Ce livre errant qui va l'aile brisée,
    Et que le vent jette à votre croisée
    Comme un grêlon à tous les murs cogné,

    Hélas ! il sort des tempêtes publiques.
    Le froid, la pluie, et mille éclairs obliques
    L'ont assailli, le pauvre nouveau-né.

    Il est puni d'avoir fui ma demeure.
    Après avoir chanté, voici qu'il...

  • Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
    Se gonfler doucement aux regards du soleil !
    Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
    L'emplit, on le dirait, de volupté profonde.

    Sous les feux d'un soleil invisible et puissant,
    Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
    De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
    Et,...

  • Hier j'ai rencontré dans un sentier du bois
    Où j'aime de ma peine à rêver quelquefois,
    Trois satyres amis ; l'un une outre portait
    Et pourtant sautelait, le second secouait
    Un bâton d'olivier, contrefaisant Hercule.
    Sur les arbres dénus, car Automne leur chef
    A terre a répandu, tombait le crépuscule.
    Le troisième satyre, assis sur un coupeau,
    De...

  • Quand reviendra l'automne avec les feuilles mortes
    Qui couvriront l'étang du moulin ruiné,
    Quand le vent remplira le trou béant des portes
    Et l'inutile espace où la meule a tourné,

    Je veux aller encor m'asseoir sur cette borne,
    Contre le mur tissé d'un vieux lierre vermeil,
    Et regarder longtemps dans l'eau glacée et morne
    S'éteindre mon image et le pâle...

  • Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets,
    Là-bas tord la forêt comme une chevelure.
    Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure
    Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets.

    L'Automne qui descend les collines voilées
    Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre coeur ;
    Et voici que s'afflige avec plus de ferveur
    Le tendre désespoir...

  • L'ANGÉLUS sonnait, et l'enfant sur sa couche de douleur
    souffrait d'atroces maux ; il avait à peine quinze ans, et les
    froids autans contribuaient beaucoup à empirer son mal.

    Mais pourtant sa mère qui se lamentait au pied du
    lit, l'attristait encore plus profondément et augmentait en
    quelque sorte sa douleur.

    Soudain, joignant ses mains pâles en une...

  • Comme la lande est riche aux heures empourprées,
    Quand les cadrans du ciel ont sonné les vesprées !

    Quels longs effeuillements d'angélus par les chênes !
    Quels suaves appels des chapelles prochaines !

    Là-bas, groupes meuglants de grands boeufs aux yeux glauques
    Vont menés par des gars aux bruyants soliloques.

    La poussière déferle en avalanches...