• Veux-tu recommencer la vie ?
    Femme, dont le front va pâlir,
    Veux-tu l'enfance, encor suivie
    D'anges enfants pour l'embellir ?
    Veux-tu les baisers de ta mère
    Echauffant tes jours au berceau ?
    - "Quoi ? mon doux Eden éphémère ?
    Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"

    Sous la paternelle puissance
    Veux-tu reprendre un calme essor ?
    Et dans...

  • " Mon lit est parfumé d'aloès et de myrrhe ;
    " L'odorant cinnamome et le nard de Palmyre
    " Ont chez moi de l'Egypte embaumé les tapis.
    " J'ai placé sur mon front et l'or et le lapis ;
    " Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
    " Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices :
    " Aujourd'hui que l'époux n'est plus dans la cité,
    " Au nocturne bonheur soyez...

  • parmi les ruines de Rome

    Hic spirat amor.


    J'errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l'homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    Du Capitole au front superbe
    J'aimais à contempler les environs déserts,
    Et je voyais ramper sur l'herbe
    L'orgueil de cent palais que la...

  • Tu n'as jamais été, dans tes jours les plus rares,
    Qu'un banal instrument sous mon archet vainqueur,
    Et, comme un air qui sonne au bois creux des guitares,
    J'ai fait chanter mon rêve au vide de son coeur.

  • Cy gist le corps de la plus heureuse ame
    Qui oncques fut ou soit pour sa beauté,
    Ou pour ses meurs, ou pour sa loyaulté,
    Ou pour avoir esté d'un amy femme.

    Amy qui a or le bruyt et la fame
    D'un vif exemple et seur de fermetté,
    Qui ce corps mort, ce corps tant regretté,
    Plus mort luy mesme a mys soubz ceste lame.

    Pas n'eust voulu seul...

  • Diane, en couche, se sentant
    De la rude mort assaillie,
    Et déjà du tout lui étant
    Là vive parole faillie
    A son mari de main pâlie
    Montre un beau fils, produit à l'heure,
    Comme voulant dire: « Ne pleure
    Avecques l'adieu d'un baiser,
    Ce bel enfant qui te demeure,
    Sera pour ton deuil apaiser ».

  • A vous ces vers de par la grâce consolante
    De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
    De par votre âme pure et toute bonne, à vous
    Ces vers du fond de ma détresse violente.

    C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
    N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
    Se multipliant comme un cortège de loups
    Et se pendant après mon sort qu'il...

  • Elle jouait avec sa chatte,
    Et c'était merveille de voir
    La main blanche et la blanche patte
    S'ébattre dans l'ombre du soir.

    Elle cachait - la scélérate ! -
    Sous ces mitaines de fil noir
    Ses meurtriers ongles d'agate,
    Coupants et clairs comme un rasoir.

    L'autre aussi faisait la sucrée
    Et rentrait sa griffe acérée,
    Mais le diable n'y...

  • Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
    L'oiseau bleu s'envole et voile sa voix,
    Les lys royaux s'effeuillent dans mon âme ;

    Au clavecin s'alanguissent les gammes,
    Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;
    Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts....

  • On a beaucoup parlé dans la chambre, ce soir.
    Couché, bordé, la lune entrant par la fenêtre,
    On évoque à travers un somnolent bien-être,
    La vieille qui, là-haut, porte son fagot noir.

    Qu'elle doit être lasse et qu'on voudrait connaître
    Le crime pour lequel nous pouvons tous la voir
    Au long des claires nuits cheminer sans espoir !

    Pauvre...