Les Titans sont tombés : — dans l’air silencieux
Leur sang pur monte encore, &, comme une fumée,
Emporte dans les cieux leur âme consumée
Des rêves éternels qu’ils avaient pris aux cieux.
La terre, maternelle aux cœurs audacieux,
Sur ses enfants meurtris...
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Avec sa bouche aux coins rieurs
Et ses yeux verts qu’un regret baigne
De mélancoliques lueurs,
Elle a pris mon âme, elle y règne,
Et j’aime sa blonde beauté,
Faite de grâce & de fierté.
Elle est fantasque & violente,
Mais elle met dans un coup d...
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Paris s’endort. — Les nuées
Par un vent frais remuées
S’éparpillent dans les airs ;
Sous leur brume pâle & fine
La lune en manteau d’hermine
Plane sur les quais déserts.
Là-bas, comme une âme en peine,
Une créature humaine,
Bras nus, les...
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L’Océan de l’Immensité
Agite & soulève ses vagues.
Le Soleil brille, & sa clarté
Y fait luire des formes vagues.
Et sans cesse, à l’appel du vent,
Des flots montent à la surface ;
Puis soudain ce qui fut vivant
S’éteint, s’évanouit, s’efface....
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J’ai suivi du regard le vol d’une hirondelle,
Et, très-haut dans l’azur, chaque battement d’aile
Que je n’entendais pas figurait à mes yeux
Les signes longs ou brefs d’un rhythme harmonieux ;
Après des coups pressés comme des cris de joie,
Le vol s’apaise, l’aile...
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Midi. Pas d’ombre. Un ciel d’acier, pulvérulent.
La terre, brique sombre, au soleil se fendille.
Par moments, une odeur lointaine de vanille
Flotte, exquise, dans l’air immobile & brûlant.
Là-bas, longeant la mer huileuse qui scintille,
S’alignent les maisons...
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Chaînes qu’on rompt, prisons qu’on démantelle, grilles
Qu’on arrache ; palais qui s’effondrent, soldats
Et prêtres châtiés ; églises & bastilles
Croulant dans la fumée horrible des combats !
Effarement, clameurs furieuses des lâches
Accroupis sous le pied des...
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Porphyris te consacre, ô Bakkhos, Dieu du vin,
Ce thyrse couronné d’une pomme de pin,
La peau de cerf, longtemps enroulée à ses hanches,
Ce sistre, ce tambour, ces bandelettes blanches,
Instruments et témoins de sa jeune fureur !
Elle ne hante plus les grands bois...
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J’estime ces vieilles auberges
Comme les villes n’en ont pas ;
Dans leur salle, aux rideaux de serges,
On fait d’impayables repas.
La folle bière, aux creux des pintes,
Prélude aux chansons du dessert ;
Dans de grandes assiettes peintes
Un aubergiste...
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N’étant plus qu’un brouillard vermeil,
L’horizon dans la nuit recule :
Je voudrais, comme le soleil,
Mourir dans l’or d’un crépuscule !
Sentir l’universel émoi,
Suivre au loin ma trace blanchie
Et, d’une grande ombre, après moi,
Laisser la terre...
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