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    Heureux qui vit sans se connaître
    Indéfiniment établi
    Dans la paix de son propre oubli,
    À la surface de son être !

    Car les clairvoyants du destin
    Vivent la mort lente et soufferte,
    Sentant partout la tombe ouverte
    Au bord de leur pas incertain.

    Ils ont usé la patience
    Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
    Toute leur âme est un...

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    PARFOIS, des livres morts les mots semblent vivants,
    Et je ne serais pas surpris, ô bons vieux maîtres,
    Si vos mots anciens, familiers ou savants,
    Avaient, pareils aux traits expressifs des enfants,
    Des tressaillements vifs aux rides de leurs lettres !

    Les mots souffrent, ayant aussi leurs passions.
    Ils tremblent de colère, ils pleurent de détresse...

  • Oui. Je comprends qu'on aille aux fêtes,
    Qu'on soit foule, qu'on brille aux yeux,
    Qu'on fasse, amis, ce que vous faites,
    Et qu'on trouve cela joyeux ;
    Mais vivre seul sous les étoiles,
    Aller et venir sous les voiles
    Du désert où nous oublions,
    Respirer l'immense atmosphère ;
    C'est âpre et triste, et je préfère
    Cette habitude des lions.