• Sur le bord d'un beau fleuve Amour avoit tendu
    Un filé d'or tissu d'un excellent ouvraige,
    Et là tout seul assis il sembloit qu'au passage
    Il eust quelque gibier longuement attendu.
    J'estoy franc et dispost, mais trop mal entendu,
    Et mon c?ur s'égayoit, mal cault par le rivage,
    Quand je le senti prendre et reduyre en servage,
    Et tout soubdain Amour l'emmener...

  • Je contemplais un jour le dormant de ce fleuve
    Qui traîne lentement les ondes dans la mer,
    Sans que les Aquilons le fassent écumer
    Ni bondir, ravageur, sur les bords qu'il abreuve.

    Et contemplant le cours de ces maux que j'épreuve,
    Ce fleuve, dis-je alors, ne sait que c'est d'aimer ;
    Si quelque flamme eût pu ses glaces allumer,
    Il trouverait l'amour...

  • En quel fleuve areneux jaunement s'écouloit
    L'or, qui blondist si bien les cheveux de ma dame ?
    Et du brillant esclat de sa jumelle flamme,
    Tout astre surpassant, quel haut ciel s'emperloit ?

    Mais quelle riche mer le coral receloit
    De cette belle levre, où mon desir s'affame ?
    Mais en quel beau jardin, la rose qui donne ame
    A ce teint vermeillet,...

  • ur la rive d'un fleuve une nymphe éplorée,
    Croisant les bras au ciel avec mille sanglots,
    Accordait cette plainte au murmure des flots,
    Outrageant son beau teint et sa tresse dorée :

    Las, où est maintenant cette face honorée,
    Où est cette grandeur et cet antique los,
    Où tout l'heur et l'honneur du monde fut enclos,
    Quand des hommes j'étais et des dieux...

  • Ce n'est le fleuve tusque au superbe rivage,
    Ce n'est l'air des Latins, ni le mont Palatin,
    Qui ores, mon Ronsard, me fait parler latin,
    Changeant à l'étranger mon naturel langage.

    C'est l'ennui de me voir trois ans et davantage,
    Ainsi qu'un Prométhée, cloué sur l'Aventin,
    Où l'espoir misérable et mon cruel destin,
    Non le joug amoureux, me détient en...

  • Ô de qui la vive course
    Prend sa bienheureuse source,
    D'une argentine fontaine,
    Qui d'une fuite lointaine,
    Te rends au sein fluctueux
    De l'Océan monstrueux,
    Loire, hausse ton chef ores
    Bien haut, et bien haut encores,
    Et jette ton oeil divin
    Sur ce pays Angevin,
    Le plus heureux et fertile,
    Qu'autre où ton onde distille.
    Bien d'autres...