• Tu poursuis, en chantant, dans la glaise et l’argile,
    Pour lui rendre à jamais la forme où tu le vois
    Qui rôde en ta pensée et s’esquive à ta voix,
    Un fantôme furtif qui fuit ton pouce agile.

    La figure s’ébauche indécise et fragile,
    Dans la terre féconde où la cherchent tes doigts,
    Car encore secret et visible parfois
    Le sourire est déjà dans la...

  • DÉDICACE

    Avec ferveur je te dédie, ô Flandre,

    Ces vers
    Où ton passé scintille encor
    Comme un amas de braises d’or,
    Parmi les cendres.
    Ces vers...

  •  
    C’est à toi que je veux offrir mes premiers vers,
    Père ! J’en ai cueilli les strophes un peu rudes
    Là-haut, dans ton Rouergue aux âpres solitudes,
    Parmi les bois touffus et les genêts amers.

    Tu ne les liras point, je le sais, ô mon père !
    Car tu ne sais pas lire, hélas ! et toi qui fis
    Tant d’efforts pour donner des maîtres à ton fils,
    On ne...

  • Faut-il donc que ce petit livre
    Où plein d’espoir chante l’Amour,
    Te trouve souffrante en ce jour,
    Toi, pour qui seule je veux vivre ?

    Faut il qu’au moment tant béni
    Ce mal affreux t’ait disputée
    A ma tendresse épouvantée
    Et de ton chevet m’ait banni ?

    — Mais puisque enfin sourit encore
    Après l’orage terminé
    L’avenir, le front...

  • Comme j’ai poursuivi des mirages heureux
    Au fond de tes grands yeux où le rêve s’azure,
    Je veux, pour te payer ma dette avec usure,
    Te faire un monument de mes vers amoureux.

    Comme tes yeux m’ont fait des peines sans mesure,
    Mes vers, en t’exaltant, te seront rigoureux :
    Car ton nom nulle part ne sera dit par eux,
    Et de le bien garder ta tombe sera...

  • Aux temps païens, toujours devant les temples fume
    L’hécatombe, des dieux apaisant le courroux.
    Vénus veut cent ramiers ; Jupiter, cent bœufs roux.
    Pour ma déesse, moi, je n’ai rien qu’une plume !

    Et j’ose dans l’azur, dont l’encens fait la brume
    Chez les Olympiens, m’élever jusqu’à vous,
    Et sur le blanc autel de vos divins genoux
    Déposer en...

  • Vous souvient-il, cocodette un peu mûre
    Qui gobergez vos flemmes de bourgeoise,
    Du temps joli quand, gamine un peu sure,
    Tu m'écoutais, blanc-bec fou qui dégoise ?

    Gardâtes-vous fidèle la mémoire,
    O grasse en des jerseys de poult-de-soie,
    De t'être plu jadis à mon grimoire,
    Cour par écrit, postale petite oye ?

    Avez-vous oublié, Madame Mère,...