• L'automne est la saison dolente.

    L'âme des labours assoupis
    Berce d'une hymne somnolente
    L'enfance des futurs épis ;

    Et, triste, la mer de Bretagne
    Se prend à gémir, dans le soir.
    Par les sentiers de la montagne,
    Commence à rôder le Mois Noir.

    Et les cloches ont l'air de veuves,
    Dans les clochers silencieux...
    Nous n'irons...

  • A André Bénac

    Ce qui me charme en toi, Quimper de Cornouailles,
    C'est qu'une âme rustique imprègne ta cité,
    Que les champs sont chez eux au coeur de tes murailles
    Et que, né paysan, ton peuple l'est resté.

    Tes rivières te font un collier de sonnailles
    Et dans leurs reflets verts mirent le quai planté
    Dont tes Nausicaas, blondes du blond des...

  • A madame Adolphe Graff

    Le ciel s'éteint, tout va dormir
    Je songe à des choses passées ;
    C'est à la fois peine et plaisir.
    La veilleuse du souvenir
    S'allume au fond de mes pensées.

    J'entends des pas, j'entends des voix,
    Des pas furtifs, des voix lointaines
    C'est peine et plaisir à la fois.
    On dirait le frisson des bois
    Sur le coeur...

  • Sur un front lisse et pur, finement épinglée,
    Tu m'évoques ma mère, ô coiffe du Trégor,
    Et, dans ta conque frêle avec art ciselée,
    C'est toute la chanson de mon passé qui dort.

    Comme tu palpitais, pudique, à la veillée,
    Sur quelque nuque mince aux chastes frisons d'or !
    De ton charme, longtemps, j'eus l'âme ensorcelée
    Et, d'y songer ce soir, mon coeur...

  • Barque échouée au bord des rivages bretons,
    J'ai désappris l'essor de mes jeunes sillages
    Et laissé, sur mes flancs, se nouer en festons
    Vos scalps souillés d'écume, ô goémons des plages.


    Il ne m'importe plus si d'autres les refont,
    Mes croisières d'antan, mes belles odyssées ;
    Promise au lent trépas des carènes blessées,
    J'abandonne le large à...

  • L'étang mire des fronts de jeunes lavandières.
    Les langues vont jasant au rythme des battoirs,
    Et, sur les coteaux gris, étoilés de bruyères,
    Le linge blanc s'empourpre à la rougeur des soirs.

    Au loin, fument des toits, sous les vertes ramées,
    Et, droites, dans le ciel, s'élèvent les fumées.

    Tout proche est le manoir de Keranglaz, vêtu
    D'ardoise,...

  • Drapée en sa cape de veuve,
    S'efface à pas discrets la nuit
    Voici poindre la clarté neuve
    De l'aube qui s'épanouit.

    Elle promène sur les choses
    Son beau regard silencieux
    Et la mer se jonche de roses
    Sous la caresse de ses yeux.

    Pour son adorable venue
    Le désert du ciel s'est paré...
    Salut, déesse chaste et nue,
    Fille de l'...

  • O grand pays religieux,
    Pavé de pierres sépulcrales,
    Un jour sombre te vient des cieux
    Par des vitraux de cathédrales !

    ... Vous avez peut-être passé
    Dans le sentier des primevères.
    Sur l'horizon, plane, dressé,
    Le groupe noir des « Cinq Calvaires ".

    Ils sont là cinq Christs, tous pareils,
    Aux faces mornes et ridées,
    Que font...

  • Ils avaient dit bonsoir aux femmes
    En train de coucher les petits ;
    Et, sur le dos mouvant des lames,
    A la brune, ils étaient partis.


    Ils étaient partis, à mer haute,
    Pour conquérir le pain amer
    Qu'il faut gagner loin de la côte,
    Au péril de la haute mer.

    Dans la nuit, la nuit sans étoiles,
    Ils disparurent... A Dieu vat !
    Le...

  • A François Gélard

    J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire
    Aux trois quarts, hélas ! ruiné,
    Où, sur un pauvre autel de pierre,
    Des fleurs achèvent de faner.

    J'ai dans l'âme un vieux sanctuaire...
    Voilà beau temps qu'on n'y vient plus,
    Au matin, dire la prière
    Et, le soir, tinter l'angélus.

    Jadis, pareilles à des vierges,
    En de...