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    I

    Le sourire est en fleur sur les lèvres des belles,
    Dans la saison d’avril et des robes nouvelles.—
    Salut, ô rubans clairs, guimpes et cols brodés,
    Bonnets aériens !… toute la panoplie
    Révélant le bon goût d’une femme accomplie
    Traîne sur les fauteuils. — Les tiroirs sont vidés.

    C’est la fin d’un grand deuil. — La...

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    À M. Alfred Guérard.

    Le désœuvré qui flâne aux ventes de l’encan
    Voit encore exhiber de ces vieilles guitares
    Qui chantèrent l’amour autrefois... Dieu sait quand !...
    Les chevilles s’en vont et les cordes sont rares.

    On aperçoit le cuivre aux anciens fils d’argent,
    Et la touche d’ivoire est absente ou jaunie.
    Sous le toit d’un grenier...

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    Il est de noirs îlots, battus par la tempête,
    Qui n’ont pas d’arbre vert, qui n’ont pas une fleur.
    Sur des pics désolés souffle un vent de malheur.
    Là, pour faire son nid, pas d’oiseau qui s’arrête.
    La mer, rien que la mer, et sa grande rumeur...

    Le froid soleil du Nord qui regarde ces plages
    Y retrouve parfois à l’heure des jusants,
    Dans le...

  • À Mademoiselle Marguerite Coutanseau.

    La neige tombe en paix sur Paris qui sommeille,
    De sa robe d'hiver à minuit s'affublant.
    Quand la ville surprise au grand jour se réveille,
    Fins clochers, dômes ronds, palais vieux, tout est blanc.

    Moins rudes sont les froids, et la Seine charrie :
    D'énormes blocs de glace aux longs reflets vitreux
    ...

  • À Léo Joubert.

    Là-bas, vers l'horizon du frais pays herbeux
    Où la rivière, lente et comme désoeuvrée,
    Laisse boire à son gué de longs troupeaux de boeufs,
    Une grande bataille autrefois fut livrée.

    C'était, comme aujourd'hui, par un ciel de printemps.
    Dans ce jour désastreux, plus d'une fleur sauvage,
    Qui s'épanouissait, flétrie en peu d'instants,...