Le four rougit ; la plaque est prête. Prends ta lampe.
Modèle le paillon qui s'irise ardemment,
Et fixe avec le feu dans le sombre pigment
La poudre étincelante où ton pinceau se trempe.
Dis, ceindras-tu de myrte ou de laurier la tempe
Du penseur, du héros, du prince ou de l'amant ?
Par quel Dieu feras-tu, sur un noir firmament,
Cabrer l'hydre...
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L'autel gît sous la ronce et l'herbe enseveli ;
Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe
D'un son plaintif emplit la solitaire combe.
C'est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.
L'inutile miroir que ne ride aucun pli
A peine est effleuré par un vol de colombe
Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe,
Seule, y reflète encore un... -
Antonio di Sandro orefice.
Le vaillant Maître Orfèvre, à l'oeuvre dès matines,
Faisait, de ses pinceaux d'où s'égouttait l'émail,
Sur la paix niellée ou sur l'or du fermail
Épanouir la fleur des devises latines.
Sur le Pont, au son clair des cloches argentines,
La cape coudoyait le froc et le camail ;
Et le soleil montant en un ciel de... -
Fais sculpter sur ton arc, Imperator illustre,
Des files de guerriers barbares, de vieux chefs
Sous le joug, des tronçons d'armures et de nefs,
Et la flotte captive et le rostre et l'aplustre.
Quel que tu sois, issu d'Ancus ou né d'un rustre,
Tes noms, famille, honneurs et titres, longs ou brefs,
Grave-les dans la frise et dans les bas-reliefs
... -
Tous deux ils regardaient, de la haute terrasse,
L'Égypte s'endormir sous un ciel étouffant
Et le Fleuve, à travers le Delta noir qu'il fend,
Vers Bubaste ou Saïs rouler son onde grasse.
Et le Romain sentait sous la lourde cuirasse,
Soldat captif berçant le sommeil d'un enfant,
Ployer et défaillir sur son coeur triomphant
Le corps voluptueux que son... -
Au choc clair et vibrant des cymbales d'airain,
Nue, allongée au dos d'un grand tigre, la Reine
Regarde, avec l'Orgie immense qu'il entraîne,
Iacchos s'avancer sur le sable marin.
Et le monstre royal, ployant son large rein,
Sous le poids adoré foule la blonde arène,
Et, frôlé par la main d'où pend l'errante rêne,
En rugissant d'amour mord les fleurs de... -
Rigetque dura barba juncta crystallo.
Diversorum Poctarum Lusus.
Quel froid ! le givre brille aux derniers pampres verts ;
Je guette le soleil, car je sais l'heure exacte
Où l'aurore rougit les neiges du Soracte.
Le sort d'un Dieu champêtre est dur. L'homme est pervers.
Dans ce clos ruiné, seul, depuis vingt hivers
Je me morfonds. Ma barbe est... -
Jadis plus d'un amant, aux jardins de Bourgueil,
A gravé plus d'un nom dans l'écorce qu'il ouvre,
Et plus d'un coeur, sous l'or des hauts plafonds du Louvre,
A l'éclair d'un sourire a tressailli d'orgueil.
Qu'importe ? Rien n'a dit leur ivresse ou leur deuil.
Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre
Et nul n'a disputé, sous l'herbe qui les couvre,... -
Bien des siècles depuis les siècles du Chaos,
La flamme par torrents jaillit de ce cratère,
Et le panache igné du volcan solitaire
Flamba plus haut encor que les Chimborazos.
Nul bruit n'éveille plus la cime sans échos.
Où la cendre pleuvait l'oiseau se désaltère ;
Le sol est immobile et le sang de la Terre,
La lave, en se figeant, lui laissa le... -
Juan Ponce de Leon, par le Diable tenté,
Déjà très vieux et plein des antiques études,
Voyant l'âge blanchir ses cheveux courts et rudes,
Prit la mer pour chercher la Source de Santé.
Sur sa belle Armada, d'un vain songe hanté,
Trois ans il explora les glauques solitudes,
Lorsque enfin, déchirant le brouillard des Bermudes,
La Floride apparut sous...