• L'on verra s'arrêter le mobile du monde,
    Les étoiles marcher parmi le firmament,
    Saturne infortuné luire bénignement,
    Jupiter commander dedans le creux de l'onde.

    L'on verra Mars paisible et la clarté féconde
    Du Soleil s'obscurcir sans force et mouvement,
    Vénus sans amitié, Stilbon sans changement,
    Et la Lune en carré changer sa forme ronde,
    ...

  • Rondeau

    Coeur prisonnier, je vous le disais bien,
    Qu'en la voyant vous ne seriez plus mien
    Si j'eusse eu lors le sens de vous entendre...
    Moi qui eût pu deviner ni attendre
    Qu'un si grand mal advînt d'un si grand bien ?

    Puisqu'ainsi est, bienheureux je vous tien
    D'être arrêté à si noble lien,
    Pourvu aussi qu'elle vous veuille prendre...

  • Si la mort n'est que séparation
    D'âme et de corps, et que la connaissance
    De Dieu s'acquiert par élévation
    D'esprit, laissant corporelle alliance,
    Entre la mort et vie différence
    De Marguerite aucune ne peut être,
    Sinon que, morte, a parfaite science
    De ce que, vive, eût bien voulu connaître.

  • Est-ce plaisir d'incertaine asseurance,
    Contentement de crainctifve espérance ?
    Est-ce douleur ou présente ou passée ?
    Ce que je sens vient il de ma pensée,
    De cueur forcé, ou désir vouluntaire ?
    Seray je bien forte asses pour le taire ?
    Me seroit il possible de le dire ?
    En le disant, puis je servir ou nuyre
    Au dangereux cours de ma passion,
    ...

  • Qui la voudra souhaite que je meure ;
    Puis, s'il connaît son grand deuil apaisé,
    La serve bien ; mais il est mal aisé,
    Mort son ami, qu'elle, vive, demeure.

  • M'amie à soi non aux autres ressemble :
    Car se voyant naturelle beauté,
    A tant acquis de chaste loyauté
    Qu'en elle sont deux contraires ensemble.
    Je crois qu'amour lui-même l'aimera :
    Car il la touche et craint de la blesser.
    S'il en est pris, je crois qu'il forcera
    Elle d'aimer ou moi de la laisser.

  • (Fragment du livre III)

    Mais maintenant achevons de répondre
    A ceux qui ont, pour notre amour confondre,
    Dit que c'était passion véhémente
    Sur la raison de l'homme trop puissante.
    Qu'il soit nommé passion, je l'accorde.
    Passion est aussi miséricorde,
    Et toutefois, pour être ainsi nommée,
    Femme qui l'a ne doit être blâmée.
    Notre terre...

  • Il fut un bruit, ô Marot, qu'étais mort,
    Et ce faux bruit un menteur assura :
    L'un d'un côté se plaignait de ta mort,
    Faisant regret qui longuement dura ;
    L'autre par vers piteux la déplora,
    Jetant soupirs de dur gémissement.
    Moi de grand deuil pleurant amèrement,
    Duquel était ma triste âme saisie :
    Las ! dis-je, mort est notre ami Clément,
    ...

  • Or apaisés sont les vents pluvieux,
    Or est passé tout nubileux orage ;
    Tous animaux qui êtes sous les Cieux,
    Louez en Dieu devant votre courage ;
    Chacun oiseau le loue en son ramage,
    Et si l'oiseau le témoigne en ses chants,
    Cette verdure en porte témoignage,
    Qui éblouit nos yeux parmi les champs.
    L'herbe aux prés fleuronne
    Pour nourrir...

  • Le renard, par bois errant,
    Va quérant,
    Pour sa dent, tendre pasture,
    Et si loin en la fin va,
    Qu'il trouva
    Le coq par mésaventure,

    Le coq, de grand peur qu'il a,
    S'envola.
    Sur une ente haute et belle,
    Disant que maistre renard
    N'a pas l'art
    De monter dessus icelle.

    Le renard, qui l'entendit,
    Lui a dit,
    Pour...