Coeur prisonnier, je vous le disais bien

Rondeau

Coeur prisonnier, je vous le disais bien,
Qu'en la voyant vous ne seriez plus mien
Si j'eusse eu lors le sens de vous entendre...
Moi qui eût pu deviner ni attendre
Qu'un si grand mal advînt d'un si grand bien ?

Puisqu'ainsi est, bienheureux je vous tien
D'être arrêté à si noble lien,
Pourvu aussi qu'elle vous veuille prendre
Coeur prisonnier.

Mais si vous laisse, aussi ne vous retien,
Et si sais bien qu'ailleurs n'aimerez rien ;
Ainsi mourrez n'ayant à qui vous rendre ;
Dont elle et moi serons trop à reprendre,
Mais elle plus, que plus vous êtes sien,
Caeur prisonnier.

Collection: 
1530

More from Poet

  • (Fragment du livre III)

    Mais maintenant achevons de répondre
    A ceux qui ont, pour notre amour confondre,
    Dit que c'était passion véhémente
    Sur la raison de l'homme trop puissante.
    Qu'il soit nommé passion, je l'accorde.
    Passion est aussi miséricorde,
    Et...

  • M'amie à soi non aux autres ressemble :
    Car se voyant naturelle beauté,
    A tant acquis de chaste loyauté
    Qu'en elle sont deux contraires ensemble.
    Je crois qu'amour lui-même l'aimera :
    Car il la touche et craint de la blesser.
    S'il en est pris, je crois qu'il...

  • Qui la voudra souhaite que je meure ;
    Puis, s'il connaît son grand deuil apaisé,
    La serve bien ; mais il est mal aisé,
    Mort son ami, qu'elle, vive, demeure.

  • Est-ce plaisir d'incertaine asseurance,
    Contentement de crainctifve espérance ?
    Est-ce douleur ou présente ou passée ?
    Ce que je sens vient il de ma pensée,
    De cueur forcé, ou désir vouluntaire ?
    Seray je bien forte asses pour le taire ?
    Me seroit il possible...

  • Si la mort n'est que séparation
    D'âme et de corps, et que la connaissance
    De Dieu s'acquiert par élévation
    D'esprit, laissant corporelle alliance,
    Entre la mort et vie différence
    De Marguerite aucune ne peut être,
    Sinon que, morte, a parfaite science
    De...