• Si le seruir merite recompense,
    Et recompense est la fin du desir,
    Tousiours vouldrois seruir plus, qu’on ne pense,
    Pour non venir au bout de mon plaisir.

    Si le servir mérite récompense,
    Et récompense est la fin du désir,
    Toujours voudrais servir plus qu’on ne pense,
    Pour non venir au bout de mon plaisir.

  • Si mon grand Roy n'eust veincu meinte armee,
    Son nom n'iroit, comme il fait, dans les cieux:
    Les ennemis l'ont fait victorieux,
    Et des veincuz il prend sa renommee.

    Si de plusieurs je te voy bien-aimee,
    C'est mon trophee, et n'en suis envieux:
    D'un tel honneur je deviens glorieux,
    Ayant choisy chose tant estimee.

    Ma jalousie est ma gloire de...

  • Si tu ne veulx l’anneau tant estimer,
    Que d’vn baiser il te soit racheptable :
    Tu ne doibs pas, au moins si peu l’aymer,
    Qu’il ne te soit, non pour l’or acceptable,
    Mais pour la main, qui pour plus rendre estable
    Sa foy vers toy, te l’à voulu lyer
    D’vn Dyamant, ou tu peulx desplier
    Vn cueur taillé en face pardurable,
    Pour te monstrer, que ne...

  • Soit que par esgalle puissance
    L'affection, & le desir
    Debattent de la jouyssance
    Du bien, dont se veulent saisirz :
    Si vous voulez leur droict choisir,
    Vous trouverez, sans fiction,
    Que le desir en tout plaisir
    Suyura tousjours l'affection.

    Soit que par égale puissance
    L'affection et le désir
    Débattent de la jouissance
    ...

  • J’ai vu ses yeux perçants, j’ai vu sa face claire :
    (Nul jamais sans son dam ne regarde les dieux)
    Froid, sans cœur me laissa son œil victorieux,
    Tout étourdi du coup de sa forte lumière.

    Comme un surpris de nuit aux champs quand il éclaire,
    Étonné, se pâlit si la flèche des cieux
    Sifflant lui passe contre, et lui serre les yeux :
    ...

  • C'est amour, c'est amour, c'est lui seul, je le sens,
    Mais le plus vif amour, la poison la plus forte.
    À qui onc pauvre cœur ait ouverte la porte  :
    Ce cruel n'a pas mis un de ses traits perçants,

    Mais arc, traits et carquois, et lui tout dans mes sens.
    Encore un mois n'a pas, que ma franchise est morte,
    Que ce venin mortel dans mes...

  • Je vois bien, ma Dordogne encore humble tu vas :
    De te montrer Gasconne en France, tu as honte.
    Si du ruisseau de Sorgue, on fait ores grand conte,
    Si a-t-il bien été quelquefois aussi bas.

    Vois-tu le petit Loir comme il hâte le pas ?
    Comme déjà parmi les plus grands il se compte ?
    Comme il marche hautain d’une course plus prompte
    ...

  • J’étais près d’encourir pour jamais quelque blâme.
    De colère échauffé mon courage brûlait,
    Ma folle voix au gré de ma fureur branlait,
    Je dépitais les dieux, et encore ma dame.

    Lorsqu’elle de loin jette un brevet dans ma flamme
    Je le sentis soudain comme il me rhabillait,
    Qu’aussitôt devant lui ma fureur s’en allait,
    Qu’il me...

  • Je tremblais devant elle, et attendais, transi,
    Pour venger mon forfait quelque juste sentence,
    À moi-même con(sci)ent du poids de mon offense,
    Lorsqu’elle me dit, va, je te prends à merci.

    Que mon los désormais partout soit éclairci :
    Employe là tes ans : et sans plus mes-huy pense
    D’enrichir de mon nom par tes vers notre France,
    ...

  • Si ma raison en moi s’est pu remettre,
    Si recouvrer asteure je me puis,
    Si j’ai du sens, si plus homme je suis,
    Je t’en mercie, ô bienheureuse lettre.

    Qui m’eût (hélas) qui m’eût su reconnaître
    Lorsqu’enragé vaincu de mes ennuis,
    En blasphémant ma dame je poursuis ?
    De loin, honteux, je te vis lors paraître

    Ô saint papier,...