• C'est le dernier soupir d'un monde agonisant.
    Venez voir ces débris des antiques peuplades,
    Anciens rois du désert, terribles ancelades
    Ecrasés sous le poids des choses d'à présent.

    Arrêtons-nous ici, non loin de ces cascades.
    Regardez ce hameau qui n'a rien d'imposant.
    C'est là... Dire qu'on peut visiter en causant
    Ces lieux témoins de tant de...

  • A Mlle ***

    Voici le Printemps, la saison des roses.
    Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
    Plus de froids matins ni de soirs moroses
    Voici le Printemps et ses jours bénis.

    Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
    La brise qui vient des bois rajeunis
    Murmure tout bas de divines choses...
    Voici le Printemps, la saison des nids.
    ...

  • A Mlles Letellier de Saint-Just

    En amont de Québec, on fait la découverte
    D'un pavillon tout blanc coquettement posé
    Sur l'angle à pic d'un roc au long flanc ardoisé,
    Et donc la large épaule est de grands pins couverte.

    Plus loin, s'il plonge un peu sur le sommet boisé,
    L'oeil aperçoit, au fond d'une clairière verte,
    Une altière villa dont la...

  • Le givre étincelant, sur les carreaux gelés,
    Dessine des milliers d'arabesques informes ;
    Le fleuve roule au loin des banquises énormes ;
    De fauves tourbillons passent échevelés.

    Sur la crête des monts par l'ouragan pelés,
    De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ;
    Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormes
    Dressent dans...

  • Cela forme deux rangs de massifs promontoires,
    Gigantesque crevasse ouverte, aux premiers jours,
    Par quelque cataclysme, et qu'on croirait toujours
    Prête à se refermer ainsi que des mâchoires.

    Au pied de caps à pic dressés comme des tours,
    Le Saguenay profond roule ses ondes noires ;
    Parages désolés pleins de mornes histoires,
    Fleuve mystérieux...

  • Le jour de son mariage

    Le bonheur de la vie est un fatal problème
    Que pour résoudre il faut, son tour venu, savoir,
    Comme un hardi joueur, jeter tout son avoir,
    Nom, honneur, avenir, sur la carte suprême.

    Ce jour aux lendemains que nul ne peut prévoir,
    C'est celui qu'on choisit pour dire : - Je vous aime !
    A celle qui, changée en un autre vous...

  • A M. et Mme C.P***

    O mes chers vieux amis, à l'époque trop brève,
    Et pour moi disparue, hélas ! depuis longtemps,
    Où l'on voit devant soi l'avenir qui se lève
    Comme un soleil joyeux sur l'azur du printemps ;

    Quand j'étais jeune, enfin, j'avais fait ce doux rêve
    D'une existence entière - oui, de tous les instants -
    Aube sans lendemain qui...

  • Quand la nuit tombe, - au bord secret des étangs clairs,
    Où le flot balancé dans son urne trop pleine
    Inonde vaguement de ses pâles éclairs
    Un fouillis d'ajoncs verts qui tremble à chaque haleine, -

    Avez-vous entendu - voix d'ange ou de sirène -
    Animant tout à coup l'ombre des bois déserts,
    D'un rossignol ému la cantate sereine
    S'élever lentement...

  • A Mlle N***

    Je connais un petit ange
    Lequel n'a jamais mouillé
    Sa blanche robe à la fange
    Dont notre monde est souillé.

    C'est lui qui donne le change
    Au pauvre coeur dépouillé
    Que l'amour, vautour étrange,
    D'un bec cruel a fouillé.

    Cet ange, qui vous ressemble,
    Sous son aile nous rassemble
    C'est la divine Amitié....

  • C'est Paris, saluons la grande capitale
    Où tout ce qu'on rêva se trouve réuni ;
    Où merveille partout sur merveille s'étale,
    Antique Eden par l'art sans cesse rajeuni.

    Eloignons-nous un peu de la ville centrale ;
    Et sur ce seuil discret, élégant et béni,
    Laissons nos murs émus battre la générale
    Nous sommes au dix sept, boulevard Fortuny.
    ...