• Quel lys sut ombrager ma sieste ?
    C'était (ah ne sais plus comme !) au bois trop sacré
    Où fleurir n'est pas un secret.
    Et j'étais fui comme la peste.
    " Je ne suis pas une âme leste ! "
    Ai-je dit alors et leurs choeurs m'ont chanté : " Reste. "

    Et la plus grande, oh ! si mienne ! m'a expliqué
    La floraison sans commentaires
    De cette hermétique...

  • Sur la lyre tissant mes douces mélodies,
    Tantôt j'ai fait gronder un hymne à la vertu ;
    Et tantôt, soupirant, mes lèvres moins hardies
    Ont tout bas murmuré : " Printemps, que me veux-tu ? "

    Restant toujours fidèle à l'essaim de mes rêves,
    Jamais je n'ai maudit l'extase de l'amour,
    Ni condamné ceux qui, dans des heures trop brèves,
    Prononcent des...

  • Élégie

    S'il est un nom bien doux fait pour la poésie,
    Oh ! dites, n'est-ce pas le nom de la Voulzie ?
    La Voulzie, est-ce un fleuve aux grandes îles ? Non ;
    Mais, avec un murmure aussi doux que son nom,
    Un tout petit ruisseau coulant visible à peine ;
    Un géant altéré le boirait d'une haleine ;
    Le nain vert Obéron, jouant au bord des flots,
    ...

  • Ménestrel qui vais par le monde,
    N'ayant rien que mon gai savoir,
    Si vous m'aimiez, ô belle blonde !
    Je me croirais un riche avoir ;
    Comme Pétrarque aux pieds de son idole,
    A vos genoux courbé bien bas, bien bas,
    J'oublîrais tout, voire le Capitole,
    Si vous m'aimiez... Mais vous ne m'aimez pas

    Si vous m'aimiez, ô belle blonde !
    De vos...

  • Chant funèbre

    Refrain :
    Ils sont tous morts, morts en héros,
    Et le désespoir est sans armes ;
    Du moins, en face des bourreaux
    Ayons le courage des larmes !

    Ces enfants qu'on croyait bercer
    Avec le hochet tricolore
    Disaient tout bas : il faut presser
    L'avenir paresseux d'éclore ;
    Quoi ! nous retomberions vainqueurs
    Dans...

  • L'après-midi

    Un soleil éclatant sur les murs de Paris
    Répand du haut des cieux son magique souris,
    Vidant les ateliers en habits du dimanche,
    La population comme un fleuve s'épanche.

    Culottes de velours, casquette, gros souliers,
    Veste ronde, voilà nos larges charpentiers ;
    Un peu roides de corps, mobiles du visage,
    L'oeil d'aplomb, la...

  • L'enfer, c'est l'absence éternelle.
    C'est d'aimer. C'est de dire : Hélas ! où donc est-elle
    Ma lumière ? Où donc est ma vie et ma clarté ?
    Elle livre aux regards éperdus sa beauté ;
    Elle sourit là-haut à d'autres ; d'autres baisent
    Ses yeux, et dans son sein s'enivrent et s'apaisent ;
    D'autres l'ont. Désespoir !

    Oh ! quand je fus jeté
    Du...

  • J'avais douze ans ; elle en avait bien seize.
    Elle était grande, et, moi, j'étais petit.
    Pour lui parler le soir plus à mon aise,
    Moi, j'attendais que sa mère sortît ;
    Puis je venais m'asseoir près de sa chaise
    Pour lui parler le soir plus à mon aise.

    Que de printemps passés avec leurs fleurs !
    Que de feux morts, et que de tombes closes !
    Se...

  • (extraits)

    ... Les fleurs souffrent sous le ciseau,
    Et se ferment ainsi que des paupières closes ;
    Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ;
    La vierge au bal, qui danse, ange aux fraîches couleurs,
    Et qui porte en sa main une touffe de fleurs,
    Respire en souriant un bouquet d'agonies.
    Pleurez sur les laideurs et les ignominies,
    ...

  • Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ;
    Le flot huileux et lourd décompose ses moires
    Sur l'océan blêmi ;
    Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ;
    Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
    Comme un homme endormi.

    Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée.
    La tempête est écume et la flamme est fumée.
    ...