Si les chastes amours avec respect louées
Éblouissent encor ta pensée et tes yeux,
N'effleure point les plis de leurs robes nouées,
Garde la pureté de ton rêve pieux.
Ces blanches visions, ces vierges que tu crées
Sont ta jeunesse en fleur épanouie au ciel !
Verse à leurs pieds le flot de tes larmes sacrées,
Brûle tous tes parfums sur leur mystique autel...
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Les belles filles aux pressoirs
Portent sur leur tête qui ploie,
À pleins paniers, les raisins noirs ;
Les jeunes hommes sont en joie.
Ils font jaillir avec vigueur
Le vin nouveau des grappes mûres ;
Et les rires et les murmures
Et les chansons montent en choeur.
Ivres de subtiles fumées,
Les vendangeurs aux cheveux blancs
Dansent... -
I
Sous les grottes de nacre et les limons épais
Où la divine Mer sommeille et rêve en paix,
Vers l'heure où l'Immortelle aux paupières dorées
Rougit le pâle azur de ses roses sacrées,
Je suis née, et mes soeurs, qui nagent aux flots bleus,
M'ont bercée en riant dans leurs bras onduleux,
Et, sur la perle humide entrelaçant leurs danses,
... -
En la trentième année, au siècle de l'épreuve,
Etant captif parmi les cavaliers d'Assur,
Thogorma, le Voyant, fils d'Elam, fils de Thur,
Eut ce rêve, couché dans les roseaux du fleuve,
A l'heure où le soleil blanchit l'herbe et le mur.
Depuis que le Chasseur Iahvèh, qui terrasse
Les forts et de leur chair nourrit l'aigle et le chien,
Avait lié son... -
Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
Une nuit, s'arrêta l'antique Foudroyé.
La terre prolongeait en bas, immense et sombre.
Les continents battus par la houle des mers ;
Au-dessus flamboyait le ciel plein d'univers ;
Mais Lui ne regardait que l'abîme de l... -
Sous le rideau lointain des escarpements sombres
La lumière, par flots écumeux, semble choir ;
Et les mornes pampas où s'allongent les ombres
Frémissent vaguement à la fraîcheur du soir.
Des marais hérissés d'herbes hautes et rudes,
Des sables, des massifs d'arbres, des rochers nus,
Montent, roulent, épars, du fond des solitudes,
De sinistres... -
Sous l'épais sycomore, ô vierge, où tu sommeilles,
Dans le jardin fleuri, tiède et silencieux,
Pour goûter la saveur de tes lèvres vermeilles
Un papillon d'azur vers toi descend des cieux.
C'est l'heure où le soleil blanchit les vastes cieux
Et fend l'écorce d'or des grenades vermeilles.
Le divin vagabond de l'air silencieux
Se pose sur ta bouche... -
Le soleil déclinait vers l'écume des flots,
Et les grasses brebis revenaient aux enclos ;
Et les vaches suivaient, semblables aux nuées
Qui roulent sans relâche, à la file entraînées,
Lorsque le vent d'automne, au travers du ciel noir,
Les chasse à grands coups d'aile, et qu'elles vont pleuvoir.
Derrière les brebis, toutes lourdes de laine,
Telles s'... -
Une nuit noire, par un calme, sous l'Équateur.
Le Temps, l'Étendue et le Nombre
Sont tombés du noir firmament
Dans la mer immobile et sombre.
Suaire de silence et d'ombre,
La nuit efface absolument
Le Temps, l'Étendue et le Nombre.
Tel qu'un lourd et muet décombre,
L'Esprit plonge au vide dormant,
Dans la mer immobile... -
Le frais matin dorait de sa clarté première
La cime des bambous et des gérofliers.
Oh ! les mille chansons des oiseaux familiers
Palpitant dans l'air rose et buvant la lumière !
Comme lui tu brillais, ô ma douce lumière,
Et tu chantais comme eux vers les cieux familiers !
A l'ombre des letchis et des gérofliers,
C'était toi que mon coeur contemplait...