Parfois, sur les confins du sommeil qui s'achève,
A l'heure où l'âme est triste et flotte au bas du rêve,
Un souvenir d'amour nous étreint à la gorge,
Vivant et si profond qu'on en voudrait mourir.
Le coeur, rempli de pleurs voluptueux, déborde ;
On mord en sanglotant les draps, la chair sans force
Se fond dans la langueur exquise de souffrir :
" Mon...
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Ô jeunesse, fervent et clair foyer d'amour,
Tu fais au ciel l'aveu sonore de ta joie,
Et ta flamme, luttant d'éclat avec le jour,
Aux quatre vents, pareille à la Chimère, ondoie !
Mais tu n'as pas plus tôt brillé de tout ton feu
Que, prompte à dévorer le sang qui t'alimente,
Tu languis, déjà sombre, et tu meurs, et qu'au lieu
Où tu brûlais... -
(villanelle)
La chanson de la Bien-Aimée,
Comme un trille d'oiseau siffleur,
Monte dans la nuit parfumée.
L'entendez-vous sous la ramée,
A travers les pommiers en fleur,
La chanson de la Bien-Aimée ?
Comme une vivante fumée,
Son rythme subtil et trembleur
Monte dans la nuit parfumée.
Et quand vient l'heure... -
Tu rangeais en chantant pour le repas du soir
Le pain blond, du laitage et le fruit de nos treilles,
Autour d'un rayon d'or formé par les abeilles ;
Et te voici qui viens tout près de moi t'asseoir.
Il a plu ; l'air mouillé répand une odeur verte,
Le fifre d'un insecte invisible au plafond
Alterne avec le bruit que les gouttes d'eau font
Sur des... -
Vous qui sur mon front, toute en larmes,
Pressez vos yeux pour ne plus voir
Les feuilles du berceau de charmes
Sur le sable humide pleuvoir,
Dans le brouillard funèbre où glissent
Ces ombres des jours révolus,
Pauvre enfant dont les cils frémissent,
Vous qui pleurez, ne pleurez plus.
Car bientôt, dans les avenues,
Décembre... -
Sois pure comme la rosée,
Comme le ciel que tu reflètes ;
Sois légère aux herbes brisées,
Ame tremblante du poète.
Colore-toi du sang de l'aube,
Scintille en larme aux cils des feuilles ;
Et si des roses te recueillent,
Qu'une vierge cueille ces roses.
Sois lumineuse et résignée,
Rafraîchis le pied qui te foule ;
Souris au... -
Ce soir après la pluie est doux ; soir de septembre
Si doux qu'on en voudrait pleurer, si plein d'abeilles
Qu'on fuit tout défaillant la pénombre des chambres.
C'est un soir de septembre un peu triste, et c'est veille
De dimanche, et c'est l'heure ou ceux de la maison
Viennent s'asseoir parmi les roses du perron.
C'est un soir de septembre et veille de... -
Les chats trempent leur langue rose
Au bord des soucoupes de lait ;
Les yeux fixés sur le soufflet,
Le chien bâille en songeant, morose.
Et tandis qu'il songe et repose
Près de la flamme au chaud reflet,
Les chats trempent leur langue rose
Au bord des soucoupes de lait.
Dans le salon, seul le feu glose ;
Mère-grand dit son... -
La maison serait blanche et le jardin sonore
De bruits d'eaux vives et d'oiseaux,
Et le lierre du mur qui regarde l'aurore
Broderait d'ombres les rideaux
Du lit tiède où, mêlés comme deux tourterelles,
Las d'un voluptueux sommeil,
Nous souririons, heureux de nous sentir des ailes
Aux premiers rayons du soleil.
Cette maison n'aurait sous l'... -
L'ambre, le seigle mûr, le miel plein de lumière
Dont le gâteau ressemble aux grottes de Fingal,
Comparés aux cheveux dont mon amie est fière
N'offrent pas un éclat égal.
Que mon amie heureuse auprès de moi s'endorme,
Je ne puis me lasser de voir dans son sommeil
Ses cheveux répandus faire à sa blanche forme
Un large berceau de soleil.
...