• Fardée et peinte comme au temps des bergeries
    Frêle parmi les noeuds énormes de rubans,
    Elle passe sous les ramures assombries,
    Dans l'allée où verdit la mousse des vieux bancs,
    Avec mille façons et mille afféteries
    Qu'on garde d'ordinaire aux perruches chéries.
    Sa longue robe à queue est bleue, et l'éventail
    Qu'elle froisse en ses doigts fluets aux larges...

  • Ils me disent que tu es blonde
    Et que toute blonde est perfide,
    Même ils ajoutent " comme l'onde ".
    Je me ris de leur discours vide !
    Tes yeux sont les plus beaux du monde
    Et de ton sein je suis avide.

    Ils me disent que tu es brune,
    Qu'une brune a des yeux de braise
    Et qu'un coeur qui cherche fortune
    S'y brûle... Ô la bonne foutaise !...

  • L'église Saint-Nicolas
    Du Chardonnet bat un glas,
    Et l'église Saint-Étienne
    Du Mont lance à perdre haleine
    Des carillons variés
    Pour de jeunes mariés,
    Tandis que la cathédrale
    Notre-Dame de Paris,
    Nuptiale et sépulcrale,
    Bourdonne dans le ciel gris.

    Ainsi la chance bourrue
    Qui m'a logé dans la rue
    Saint-Victor, seize,...

  • Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
    Tous les autres amours sont de commandement.
    Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement
    Pourra les allumer aux coeurs qui l'ont chérie.

    C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis,
    C'est par Elle que j'ai voué ce sacrifice,
    Et la douceur de coeur et le zèle au service,
    Comme je la priais, Elle les a permis ......

  • Je ne t'ai pas connu, je ne t'ai pas aimé,
    Je ne te connais point et je t'aime encor moins :
    Je me chargerais mal de ton nom diffamé,
    Et si j'ai quelque droit d'être entre tes témoins,

    C'est que, d'abord, et c'est qu'ailleurs, vers les Pieds joints
    D'abord par les clous froids, puis par l'élan pâmé
    Des femmes de péché - desquelles ô tant oints,
    Tant...

  • Gaspard Hauser chante :

    Je suis venu, calme orphelin,
    Riche de mes seuls yeux tranquilles,
    Vers les hommes des grandes villes :
    Ils ne m'ont pas trouvé malin.

    A vingt ans un trouble nouveau
    Sous le nom d'amoureuses flammes
    M'a fait trouver belles les femmes :
    Elles ne m'ont pas trouvé beau.

    Bien que sans patrie et sans roi
    Et...

  • Nature, rien de toi ne m'émeut, ni les champs
    Nourriciers, ni l'écho vermeil des pastorales
    Siciliennes, ni les pompes aurorales,
    Ni la solennité dolente des couchants.

    Je ris de l'Art, je ris de l'Homme aussi, des chants,
    Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
    Qu'étirent dans le ciel vide les cathédrales,
    Et je vois du même oeil les bons...

  • Pourquoi triste, ô mon âme
    Triste jusqu'à la mort,
    Quand l'effort te réclame,
    Quand le suprême effort
    Est là qui te réclame ?

    Ah, tes mains que tu tords
    Au lieu d'être à la tâche,
    Tes lèvres que tu mords
    Et leur silence lâche,
    Et tes yeux qui sont morts !

    N'as-tu pas l'espérance
    De la fidélité,
    Et, pour plus d'assurance...

  • La lune blanche
    Luit dans les bois ;
    De chaque branche
    Part une voix
    Sous la ramée ...

    Ô bien-aimée.

    L'étang reflète,
    Profond miroir,
    La silhouette
    Du saule noir
    Où le vent pleure ...

    Rêvons, c'est l'heure.

    Un vaste et tendre
    Apaisement
    Semble descendre
    Du firmament
    Que l'astre irise ......

  • Le couchant dardait ses rayons suprêmes
    Et le vent berçait les nénuphars blêmes ;
    Les grands nénuphars entre les roseaux
    Tristement luisaient sur les calmes eaux.
    Moi j'errais tout seul, promenant ma plaie
    Au long de l'étang, parmi la saulaie
    Où la brume vague évoquait un grand
    Fantôme laiteux se désespérant
    Et pleurant avec la voix des sarcelles
    ...