Boulogne, où nous nous querellâmes
Aux pleurs d'un soir trop chaud
Dans la boue ; et toi, le pied haut,
Foulant aussi nos âmes.
La nuit fut ; ni, rentrés chez moi,
Tes fureurs plus de mise.
Ah ! de te voir nue en chemise,
Quel devint mon émoi !
On était seuls (du moins j'espère) ;
Mais tu parlais tout bas.
Ainsi l'amour naît des...
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Décor d'encre. Sur le ciel terne
Court un fil de fer :
Mansarde où l'on aima, vanterne
Sans carreaux, où l'on a souffert.
Une enfant fait le pied de grue
Le long du trottoir.
Le bistro, du bout de la rue,
Ouvre un oeil de sang dans le noir ;
Tandis qu'on pense à sa province,
A Faustine, à Zo'...
Mais c'est pour Lilith que j'en... -
A Pau, les foires Saint-Martin,
C'est à la Haute Plante.
Des poulains, crinière volante,
Virent dans le crottin.
Là-bas, c'est une autre entreprise.
Les chevaux sont en bois,
L'orgue enrhumé comme un hautbois,
Zo' sur un bai cerise.
Le soir tombe. Elle dit : " Merci,
" Pour la bonne journée !
" Mais j'ai la tête bien tournée... "... -
" - Non, ce taxi, quelle charrette.
C'est sous les toits, votre entresol ?
Je t'aime... Oui c'est un tournesol...
Si tu savais comme il me traite :
Des claques voilà mes cadeaux !
Je croyais n'être jamais prête.
... Ça ? C'est moi. Laissez les rideaux. "
" - Le coeur vous est bien en dentelle. "
" - Mais il faut une heure " dit-elle
" Rien... -
L'immortelle, et l'oeillet de mer
Qui pousse dans le sable,
La pervenche trop périssable,
Ou ce fenouil amer
Qui craquait sous la dent des chèvres
Ne vous en souvient-il,
Ni de la brise au sel subtil
Qui nous brûlait aux lèvres ? -
Dans le lit vaste et dévasté
J'ouvre les yeux près d'elle ;
Je l'effleure : un songe infidèle
L'embrasse à mon côté.
Une lueur tranchante et mince
Echancre mon plafond.
Très loin, sur le pavé profond,
J'entends un seau qui grince... -
Géronte d'une autre Isabelle,
A quoi t'occupes-tu
D'user un reste de vertu
Contre cette rebelle ?
La perfide se rit de toi,
Plus elle t'encourage.
Sa lèvre même est un outrage.
Viens, gagnons notre toit.
Temps est de fuir l'amour, Géronte,
Et son arc irrité.
L'amour, au déclin de l'été,
Ni la mer, ne s'affronte. -
Le sonneur se suspend, s'élance,
Perd pied contre le mur,
Et monte : on dirait un fruit mûr
Que la branche balance.
Une fille passe. Elle rit
De tout son frais visage :
L'hiver de ce noir paysage
A-t-il soudain fleuri ?
Je vois briller encor sa face,
Quand elle prend le coin.
L'Angélus et sa jupe, au loin,
L'un et l'autre, s'... -
Nane, as-tu gardé souvenir
Du Panthéon-Place Courcelle
Qui roulait à cris de crécelle,
Sans au but jamais parvenir ;
Du jour où te sculptait la brise
Sous ta jupe noire et cerise ;
De l'impériale au banc haut,
Où se scandait comme un ïambe
La glissade avec le cahot,
- Et du vieux qui lorgnait tes jambes ? -
Puisque tes jours ne t'ont laissé
Qu'un peu de cendre dans la bouche,
Avant qu'on ne tende la couche
Où ton coeur dorme, enfin glacé,
Retourne, comme au temps passé,
Cueillir, près de la dune instable,
Le lys qu'y courbe un souffle amer,
- Et grave ces mots sur le sable :
Le rêve de l'homme est semblable
Aux illusions de la mer.