• "Je vous défends, châtelaine,
    De courir seule au grand bois. "
    M'y voici, tout hors d'haleine,
    Et pour la seconde fois.
    J'aurais manqué de courage
    Dans ce long sentier perdu ;
    Mais que j'en aime l'ombrage !
    Mon seigneur l'a défendu.

    "Je vous défends, belle mie.
    Ce rondeau vif et moqueur. "
    Je n'étais pas endormie
    Que je le savais par...

  • Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir ;
    Tout tressaille, averti de la prochaine ondée :
    Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée,
    Plains-tu l'absent aimé qui ne pourra te voir ?

    Là-bas, pliant son aile et mouillé sous l'ombrage,
    Banni de l'horizon qu'il n'atteint que des yeux,
    Appelant sa compagne et regardant les cieux,
    Un ramier, comme...

  • Jeune homme irrité sur un banc d'école,
    Dont le coeur encor n'a chaud qu'au soleil,
    Vous refusez donc l'encre et la parole
    À celles qui font le foyer vermeil ?
    Savant, mais aigri par vos lassitudes,
    Un peu furieux de nos chants d'oiseaux,
    Vous nous couronnez de railleurs roseaux !
    Vous serez plus jeune après vos études :
    Quand vous sourirez,
    Vous...

  • Par la brise d'automne à la forêt volée,
    Une feuille d'érable erre dans la vallée :
    Papillon fantastique aux ailes de carmin !
    Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,
    S'élance pour saisir cette feuille divine :
    Enfin, la feuille est dans sa main.

    Ne méprisez pas, je vous prie,
    Cette feuille rouge et flétrie,
    Léger débris de la forêt :
    ...

  • parmi les ruines de Rome

    Hic spirat amor.


    J'errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l'homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    Du Capitole au front superbe
    J'aimais à contempler les environs déserts,
    Et je voyais ramper sur l'herbe
    L'orgueil de cent palais que la...

  • L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
    Car chacun de nous deux a peur du même instant.
    " Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
    Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...

    Je te devine proche au feu de ton visage.
    Ma tempe en fièvre bat contre ton coeur battant.
    Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant...

  • Qui que tu sois, Vivant, passe vite parmi
    L'herbe du tertre où gît ma cendre inconsolée ;
    Ne foule point les fleurs de l'humble mausolée
    D'où j'écoute ramper le lierre et la fourmi.

    Tu t'arrêtes ? Un chant de colombe a gémi.
    Non ! qu'elle ne soit pas sur ma tombe immolée !
    Si tu veux m'être cher, donne-lui la volée.
    La vie est si douce, ah ! laisse-la...

  • Quien no ama, no vive.


    Oh ! qui que vous soyez, jeune ou vieux, riche ou sage,
    Si jamais vous n'avez épié le passage,
    Le soir, d'un pas léger, d'un pas mélodieux,
    D'un voile blanc qui glisse et fuit dans les ténèbres,
    Et, comme un météore au sein des nuits funèbres,
    Vous laisse dans le coeur un sillon radieux ;

    Si vous ne connaissez que...

  • Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle,
    Enfant ! n'enviez point notre âge de douleurs,
    Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
    Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

    Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie !
    Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
    Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
    Comme un...

  • Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir
    Où la femme coquette et belle aime à se voir,
    Et, gaie ou rêveuse, se penche ;
    Puis, comme la vertu, quand il a votre coeur,
    Il en chasse le mal et le vice moqueur,
    Et vous fait l'âme pure et blanche ;

    Puis on descend un peu, le pied vous glisse... - Alors
    C'est un abîme ! en vain la main s'attache aux...