• Rondement, Mathurin
    Mène dans sa carriole
    La Dame qui s'affole
    De filer d'un tel train.

    Elle crie au trépas !
    Le vieux dit : " Not' maîtresse,
    N'soyez point en détresse
    Puisque moi j'y suis pas.

    Si y'avait du danger
    Vous m'verriez m'affliger
    Tout comm' vous, encor pire !

    Pac'que, j'm'en vas vous dire :
    J'...

  • Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage,
    Vous le verriez sanglant, transpercé mille fois,
    Tout brûlé, crevassé, vous seriez sans ma voix
    Forcée à me pleurer, et briser votre rage.

    Si ces maux n'apaisaient encor votre courage
    Vous feriez, ma Diane, ainsi comme nos rois,
    Voyant votre portrait souffrir les mêmes lois
    Que fait votre sujet qui...

  • Le coeur de l'homme est l'énigme du Sphinx ;
    Si l'on pouvait avec les yeux du Linx,
    De ses replis éclairer la souplesse,
    L'oeil étonné, de maints hauts faits vantés
    Démêlerait les ressorts effrontés
    Dont un prestige a fardé la bassesse.
    Ces Conquérans, sous les noms imposteurs
    De liberté, de soutiens, de vengeurs,
    A l'oeil surpris découvriraient peut-...

  • Ha ! coeur que j'aimais tant, et qui m'as tant aimée,
    Tu mérites mon coeur, un si riche cercueil :
    Mais pour montrer que moi digne d'un si grand deuil
    Dois mourir, çà mourons d'une mort animée !

    Je ne veux de tourments avoir l'âme pâmée,
    Ni noyer mon courage aux larmes de mon oeil
    Mais me venger de tout, et plaire à mon oeil,
    M'étant contre la...

  • Puisque le gai printemps revient danser et rire,
    Puisque le doux Horace et que le doux Zéphyre
    M'attendent au milieu des prés et des buissons,
    L'un avec des parfums, l'autre avec des chansons,
    Puisque la terre en fleurs semble un tapis de Perse,
    Puisque le vent murmure et dans l'azur disperse
    La brume et la nuée en flottants archipels,
    Il me plaît de...

  • Je t'adore. Soyons deux heureux. Viens t'asseoir
    Dans une ombre qui soit un peu semblable au soir.
    Marchons bien doucement. Sois pensive. Sois lasse.
    Profitons du moment où personne ne passe ;
    Entrons dans le hallier, cachés par les blés mûrs.

    Que ne puis-je élever brusquement quatre murs
    Ici, dans ce coin chaste, et d'un coup de baguette !
    La...

  • Or, nous cueillions ensemble la pervenche.

    Je soupirais, je crois qu'elle rêvait.
    Ma joue à peine avait un blond duvet.
    Elle avait mis son jupon du dimanche ;
    Je le baissais chaque fois qu'une branche
    Le relevait.

    Et nous cueillions ensemble la pervenche.

    Le diable est fin, mais nous sommes bien sots.
    Elle s'assit sous de charmants...

  • J'allais au Luxembourg rêver, ô temps lointain,
    Dès l'aurore, et j'étais moi-même le matin.
    Les nids dialoguaient tout bas, et les allées
    Désertes étaient d'ombre et de soleil mêlées ;
    J'étais pensif, j'étais profond, j'étais niais.
    Comme je regardais et comme j'épiais !
    Qui ? La Vénus, l'Hébé, la nymphe chasseresse.
    Je sentais du printemps l'invisible...

  • Nous étions seuls dans l'ombre et l'extase suprême.
    Elle disait : je t'aime ! et je disais : je t'aime !
    Elle disait : toujours ! et je disais : toujours !
    Elle ajoutait : nos coeurs sont époux, nos amours
    Vaincront la destinée, et rien ne me tourmente,
    Étant, toi le plus fort, et moi, la plus aimante.
    Et moi, je reprenais : la ville est sombre, vois.
    ...

  • Un coup de vent passa, souffle leste et charmant
    Qui fit tourbillonner les jupes follement.
    Je la savais ailée, étoilée, azurée,
    Je l'adorais ; mon âme allait dans l'empyrée
    A sa suite. Oh ! l'amour, c'est tout ; le reste est vain.
    Je ne supposais pas que cet être divin
    Qui m'emportait rêveur si loin de la matière,
    Eût des jambes ; soudain je vis sa...