• ADIEU PARIS !

    Adieu, Paris, ville de fer,
    Ville de vent, ville de rêve,
    Cher Paris où l’amour se lève,
    Doux Paris où j’ai tant souffert !

    Et le train file, file, file,
    Comme un éclair en pleine nuit…
    Mon cœur fait encor plus de bruit,
    Mon cœur qui n’est jamais tranquille.

    Voici, sous la lune de Mai,
    La...

  •  
    La marée, en dormant, prolonge un souffle égal,
    L’âme des conques flotte et bruit sur les rives…
    Tout m’est hostile, et ma jeunesse me fait mal.
    Je suis lasse d’aimer les formes fugitives.
    Debout, je prends mon cœur où l’amour fut hier
    Si puissant, et voici : je le jette à la mer.

    Qu’une vague légère et dansante l’emporte,
    Que la mer l’associe...

  •  

    Est-ce la nuit ? Non, c’est le jour, un jour livide,
    Un jour qui désespéra, empli d’un morne effroi.
    Tout est noir. Au lointain s’enfle la mer avide,
    Et comme un mur d’horreur, apparu dans le vide,
    La vague gigantesque a surgi devant moi.

    Elle agite, en hurlant, ses longs cheveux d’écume,
    Indomptable cavale au poil toujours fumant ;
    Au-dessus...

  •  
    Une fois, terrassé par un puissant breuvage,
    J’ai rêvé que parmi les vagues et le bruit
    De la mer je voguais sans fanal dans la nuit,
    Morne rameur, n’ayant plus l’espoir du rivage.

    L’Océan me crachait ses baves sur le front
    Et le vent me glaçait d’horreur jusqu’aux entrailles ;
    Les lames s’écroulaient ainsi que des murailles,
    Avec ce rythme...

  • Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
    (Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
    Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
    Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.

    Blonde comme on ne l'est que dans les magazines
    Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
    Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
    (Un bouvreuil...

  • Vague et noyée au fond du brouillard hiémal,
    Mon âme est un manoir dont les vitres sont closes,
    Ce soir, l'ennui visqueux suinte au long des choses,
    Et je titube au mur obscur de l'animal.

    Ma pensée ivre, avec ses retours obsédants
    S'affole et tombe ainsi qu'une danseuse soûle ;
    Et je sens plus amer, à regarder la foule,
    Le dégoût d'exister qui me...

  • De ce qu'on ne voit plus qu'une vague campagne
    Où tout l'orgueil du monde on a vu quelquefois,
    Tu n'en es pas coupable, ô quiconque tu sois
    Que le Tigre et le Nil, Gange et Euphrate baigne :

    Coupables n'en sont pas l'Afrique ni l'Espagne,
    Ni ce peuple qui tient les rivages anglais,
    Ni ce brave soldat qui boit le Rhin gaulois,
    Ni cet autre guerrier,...