• A Armance.

    Eh quoi ! vous vous plaignez, vous aussi, de la vie !
    Vous avez des douleurs, des ennuis, des dégoûts !
    Un dard sans force aux yeux, sur la lèvre une lie,
    Et du mépris au coeur ! - Hélas ! c'est comme nous !
    Lie aux lèvres ? - poison, reste brûlant du verre ;
    Dard aux yeux ? - rapporté mi-brisé des combats ;
    Et dans le coeur mépris ? -...

  • Ô Beauté nue,
    Les oiseaux volent dans le calme
    Où la digitale remue,
    Où la fougère aux fines palmes
    Est encor d'un vert tendre au pied de l'aulne obscur.
    Une molle buée enveloppe l'azur,
    Allège les lointains, les arbres, les maisons,
    Noie à demi la ferme et le dormant gazon
    Et fait de la montagne une ombre aux lignes pures.
    Pas un souffle, pas...

  • Beauté, dans ce vallon étends-toi blanche et nue
    Et que ta chevelure alentour répandue
    S'allonge sur la mousse en onduleux rameaux ;
    Que l'immatérielle et pure voix de l'eau,
    Mêlée au bruit léger de la brise qui pleure,
    Module doucement ta plainte intérieure.
    Une souple lumière à travers les bouleaux
    Veloute ta blancheur d'une ombre claire et molle ;...

  • Chacun en sa beauté vante ce qui le touche,
    L'amant voit des attraits où n'en voit point l'époux ;
    Mais que d'autres, narguant les sarcasmes jaloux,
    Vantent un poil follet au-dessus d'une bouche ;

    D'autres, sur des seins blancs un point comme une mouche ;
    D'autres, des cils bien noirs à des yeux bleus bien doux,
    Ou sur un cou de lait des cheveux d'un...

  • Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles
    Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal,
    Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal
    Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles.

    Et toujours, maternelle endormeuse des râles,
    Même quand elle ment, cette voix ! Matinal
    Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal,
    Ou beau...

  • Amour m'a découvert une beauté si belle
    Que je brûle et englace et en me consumant
    J'éprouve, tant me plaît ma flamme et mon tourment,
    Que qui meurt en aimant reprend vie immortelle.

    Comme l'unique oiseau de cette ardeur nouvelle
    Je renais, et ma flamme et son nom chèrement
    Je porte sur le dos au front du firmament
    Pour les faire reluire en sa...

  • Une beauté de quinze ans enfantine,
    Un or frisé de maint crêpe anelet,
    Un front de rose, un teint damoiselet,
    Un ris qui l'âme aux Astres achemine ;

    Une vertu de telles beautés digne,
    Un col de neige, une gorge de lait,
    Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
    En Dame humaine une beauté divine ;

    Un oeil puissant de faire jours les nuits,
    Une...

  • Beauté de qui la grâce étonne la nature,
    Il faut donc que je cède à l'injure du sort,
    Que je vous abandonne, et loin de votre port
    M'en aille au gré du vent suivre mon aventure.

    Il n'est ennui si grand que celui que j'endure :
    Et la seule raison qui m'empêche la mort,
    C'est le doute que j'ai que ce dernier effort
    Ne fût mal employé pour une âme si dure...

  • Chère beauté que mon âme ravie
    Comme son pôle va regardant,
    Quel astre d'ire et d'envie
    Quand vous naissiez marquait votre ascendant,
    Que votre courage endurci,
    Plus je le supplie moins ait de merci ?

    En tous climats, voire au fond de la Thrace,
    Après les neiges et les glaçons
    Le beau temps reprend sa place :
    Et les étés mûrissent les moissons...

  • À Mademoiselle Madeleine Mareschal

    Ce masque, qui celait tantôt votre beauté,
    Semble à l'obscurité de la nuit effroyable :
    Elle cache au soleil sa clarté désirable,
    Lui cache de vos yeux la divine clarté.

    Ô masque, fallait-il que ton obscurité
    Recelât de ses yeux la puissance admirable !
    Je pensai voir reluire une aurore agréable
    Aussitôt que...