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    1. August 1914

    Auf, Schweizer! Hört den Völkerföhn
    Europas Tal durchstürmen!
    Schon glüht’s und sprüht’s aus banger Nacht...

  • Ô Muses, par tous ces héros que vous pleurez
    Et qui sont morts, là-bas, loin de vos bras sacrés,
    Vous voici, désormais, en une double Gloire,
    Filles de la Patrie et sœurs de la Victoire !

  • Tes pas sont lourds. L’âge te courbe. Tu es vieux
    Et cependant je vois une flamme en tes yeux…
    Quels sont les mots confus que murmure ta bouche ?
    Dis-moi, pourquoi cet air joyeusement farouche ?
    Ah ! j’ai compris. Pardonne-moi. Ne réponds pas.
    Ton deuil me dit assez que ton fils est là-bas
    Tombé, la face au ciel, sous la balle allemande,
    Noblement,...

  • Je jure de garder dans mon cœur cette haine
    Jusqu’à son dernier battement ;
    Que son venin sacré se mêle dans ma veine
    À chaque goutte de mon sang !

    Que l’on voie à jamais sur mon sombre visage...

  • « Hier encor, j’aimais les roses,
    L’azur, les longs jours d’été,
    Et les êtres et les choses
    De lumière et de beauté.

    « Aux murmures des fontaines,
    À l’heure où l’étoile luit,
    Se mêlaient des voix lointaines
    Qui me parlaient dans la nuit.

    « Elles me disaient dans l’ombre
    Que la vie est, à vingt ans,
    Faite d’aurores sans nombre...

  • On attend. Nul cœur n’est sombre
    Du grand devoir accepté,
    Car la lutte contre l’ombre
    Finira par la clarté.

    En vain la horde barbare
    A rué son flot vivant,
    Puisque sonne la fanfare
    De nos clairons dans le vent,

    Que les trois couleurs de France
    En un symbole plus beau
    Font flotter notre espérance
    À la hampe du drapeau…

    ...

  • Ils ont dit, fous de haine et d’orgueil : « Nous allons
    « Enfin fouler leur sol avec nos lourds talons !
    « Notre aigle va couvrir de sa vaste envergure
    « Ce clair Paris dont la beauté nous fait injure
    « Et laissera tomber, de ses ailes, sur lui,
    « Une ombre de stupeur, de désastre et de nuit.
    « L’heure que nous guettons depuis quarante années
    « Sonne...

  • La nuit avait semé ses nuages limpides
    Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
    Qui, du ciel bleu foncé sur l'onde au pâle flanc,
    Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
     
    La voile, au long du mât, pendait pleine de rides
    Tant la brise était molle et le flot somnolent.
    Mes songes balancés au gré du bateau lent,
    Suivaient la vision...

  • La haute cathédrale est grise, presque noire,
    Et découpe un profil austère sur les cieux.
    Une voix vague sort des blocs silencieux :
    Dans leur langue gothique [2] ils nous disent de croire.

    C’est le reflet et c’est la vivante mémoire
    Des âges d’autrefois sauvages et pieux.
    On sent qu’en...

  • Sur le mur décrépit du cloître ancien et froid,
    À droite, dans le fond de la salle où l’on croit
    Sentir l’horreur des lieux où reviennent des ombres,
    Voilée, et recevant des vitres toujours sombres
    Le peu de jour qui sied à la paix des tombeaux,
    Une peinture encor fière, presque en lambeaux,
    Se dresse ; on ne voit qu’elle en entrant : c’est la Cène.
    La...