Si contre Amour je n'ay autre deffence,
Je m'en plaindray, mes vers le maudiront,
Et apres moy les roches rediront
Le tort qu'il faict à ma dure constance.
Puis que de luy j'endure cette offence,
Au moings tout haut, mes rithmes le diront,
Et nos neveus, a lors qu'ilz me liront,
En l'outrageant, m'en feront la vengeance.
Ayant perdu tout l'...
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Tout s'enfle contre moy, tout m'assaut, tout me tente,
Et le Monde et la Chair, et l'Ange revolté,
Dont l'onde, dont l'effort, dont le charme inventé
Et m'abisme, Seigneur, et m'esbranle, et m'enchante.
Quelle nef, quel appuy, quelle oreille dormante,
Sans peril, sans tomber, et sans estre enchanté,
Me donras tu? Ton Temple où vit ta Sainteté,
Ton... -
O ciel vouté qui la terre bien heures,
O feu sans poix agilement leger,
O air humide, o vent prompt messager,
O large mer qui la terre ceintures,
O terre riche, ô qui ton doz peintures
De vers thesors pour l'homme soulager,
Bois, pres, champs, eaux, que pour nous arranger,
Nature essay' de mille architectures,
Quand vous verrez que les... -
Du tout me veux deshériter
De ton amour : car profiter
Je n'y pourrais pas longue espace,
Vu qu'un autre reçoit ta grâce,
Sans mieux que moi la mériter.
Puisqu'à toi se veut présenter,
De moi se devra contenter,
Car je lui quitterai la place
Du tout.
Tes grâces sont fort à noter.
On n'y saurait mettre, ne ôter.
Tu as beau corps et... -
Pour un dizain que gagnâtes mardi,
Cela n'est rien, je ne m'en fais que rire,
Et fut très aise alors que le perdis,
Car aussi bien je voulais vous écrire
Et ne savais bonnement que vous dire,
Qui est assez pour se tenir tout coi.
Or, payez-vous, je vous baille de quoi,
D'aussi bon coeur que si je le donnaie ;
Que plût à Dieu que ceux à qui je... -
Du premier coup, entendez ma réponse,
Fols détracteurs. Mon Maître vous annonce
Par moi, qui suis l'un de ses clercs nouveaux,
Que pour rimer ne vous craint deux naveaux,
Et eussiez-vous de sens encor une once.
Si l'épargnez, tous deux je vous renonce :
Piquez-le donc mieux que d'épine ou ronce,
Lui envoyant des meilleurs et plus beaux
Du premier... -
Elégie
Quiconque aura premier la main embesongnée
A te couper, forest, d'une dure congnée,
Qu'il puisse s'enferrer de son propre baston,
Et sente en l'estomac la faim d'Erisichton,
Qui coupa de Cerés le Chesne venerable
Et qui gourmand de tout, de tout insatiable,
Les b?ufs et les moutons de sa mère esgorgea,
Puis pressé de la faim, soy-mesme se... -
L'inimitié que je te porte,
Passe celle, tant elle est forte,
Des aigneaux et des loups,
Vieille sorcîere deshontée,
Que les bourreaux ont fouëttée
Te honnissant de coups.
Tirant apres toy une presse
D'hommes et de femmes espesse,
Tu monstrois nud le flanc,
Et monstrois nud parmy la rue
L'estomac, et l'espaule nue
Rougissante de... -
Ô Nuit ! jalouse Nuit, contre moi conjurée,
Qui renflammes le ciel de nouvelle clarté,
T'ai-je donc aujourd'hui tant de fois désirée
Pour être si contraire à ma félicité ?
Pauvre moi ! je pensais qu'à ta brune rencontre
Les cieux d'un noir bandeau dussent être voiles
Mais, comme un jour d'été, claire tu fais ta montre,
Semant parmi le ciel mille... -
N'est-ce point sans raison que ces champis désirent
Etre sur les humains respectés en tous lieux,
Car ils sont demi-dieux, puisque leurs pères tirent
Leur louable excrément de substance des Dieux.
Et si vous adorez un ciboire pour être
Logis de votre Dieu, vous devez, sans mentir,
Adorer ou le ventre ou bien le cul d'un Prêtre,
Quand ce Dieu même y loge...