•  
    Vous souvient-il des jours, vieillards de ma patrie,
    Où nos pères, luttant contre la tyrannie,
    Par leurs nobles efforts sauvaient notre avenir?
    Frémissant sous le joug d'une race étrangère,
    Malgré l'oppression, leur âme toujours fière
    De la France savait garder le souvenir.

    Or, dans ces tristes temps où même l'espérance
    Semblait ne pouvoir...

  • À Jocelyn Bargoin.

    En mai, par une pure et chaude après-midi,
    Je cheminais au bord d doux fleuve attiédi
    Où se réfléchissait la fuite d’un nuage.
    Je suivais lentement le chemin de halage
    Tout en fleurs, qui descend en pente vers les eaux.
    Des peupliers à droite, à gauche des roseaux ;
    Devant moi, les détours de la...

  •  
    À André Gide.

    Le vieux village était rempli de roses
    et je marchais dans la grande chaleur
    et puis ensuite dans la grande froideur
    de vieux chemins où les feuilles s'endorment.

    Puis je longeai un mur long et usé ;
    c'était un parc où étaient de grands...

  • En sarrau bleu, en jupon noir,
    Couple rêche, le vieux, la vieille,
    Les Dimanches, avant le soir,
    Vont voir leurs fils qui les surveillent.

    Ils ont, à deux, cent cinquante ans ;
    Ratatinée, elle l’est toute ;
    Mais lui martèle encor la route
    D’un pas sonnant, comme un battant.

    Ils font leur lente promenade
    En bons époux, en bons chrétiens ;...

  • Un mois s'ensauve, un autre arrive.
    Le temps court comme un lévrier.
    Déjà le roux genévrier
    A grisé la première grive.
    Bon soleil, laissez-vous prier,
    Faites l'aumône !
    Donnez pour un sou de rayons.
    Faites l'aumône
    A deux pauvres vieux papillons.

    La poudre d'or qui nous décore
    N'a pas perdu toutes couleurs,
    Et malgré l'averse...

  • Tous imberbes alors, sur les vieux bancs de chêne
    Plus polis et luisants que des anneaux de chaîne,
    Que, jour à jour, la peau des hommes a fourbis,
    Nous traînions tristement nos ennuis, accroupis
    Et voûtés sous le ciel carré des solitudes,
    Où l'enfant boit, dix ans, l'âpre lait des études.
    C'était dans ce vieux temps, mémorable et marquant,
    Où forcés d...

  • Ton Mary paroist plus vieux
    Que les murailles de Rome ;
    Et tu dis qu'il te sert mieux
    Que ne feroit un jeune homme.

    Lisette, je n'en croy rien.
    Seme ailleurs tes artifices :
    Tu mens pour m'oster le bien
    Que tu dois à mes services.

    L'Avant-couriere du jour
    Dit que Titon fait l'Amour
    D'une façon trop austere.

    Et les...

  • Une poulette jeune et sans expérience,
    En trottant, cloquetant, grattant,
    Se trouva, je ne sais comment,
    Fort loin du poulailler, berceau de son enfance.
    Elle s'en aperçut qu'il était déjà tard.
    Comme elle y retournait, voici qu'un vieux renard
    A ses yeux troublés se présente.
    La pauvre poulette tremblante
    Recommanda son âme à Dieu.
    Mais le renard,...

  • (Chanson)

    Dans ce temps-là, je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle,
    Et ma lyre était tout mon bien ;
    Dans ce temps-là je n'avais rien
    Que de grands trous à mon pourpoint
    Et le coeur de ma damoiselle.
    Dans ce temps-là je n'avais rien,
    Rien du tout dans mon escarcelle.

    J'allais chanter dans les manoirs
    La geste du...

  • Si je le parle, à coeur de jour,
    Au pays, avec les miens, comme
    Au grand siècle tout gentilhomme
    Le parlait aux abbés de cour,
    C'est... Ains seulement par amour.

    Ce français vieillot qu'on dédaigne,
    Il est natif d'un haut Poitou
    Et d'un lointain Paris itou.
    Ces termes, que le chaume enseigne,
    Ce sont des termes de Montaigne.
    ...