•  
    Puisque je suis étrange au milieu de la ville,
    Puisque je veux la vie amère et jamais vile,
    Puisque je me dévoue avec stupidité ;
    Puisqu’improvisant tout, j’ai tout prémédité,
    N’ayant d’autres éclairs que ceux de mon cratère,
    Et ne parlant qu’après avoir voulu me taire ;
    Puisque je déraisonne à ce point de penser
    Que l’ouragan ne doit rugir que...

  • Puisque tes jours ne t'ont laissé
    Qu'un peu de cendre dans la bouche,
    Avant qu'on ne tende la couche
    Où ton coeur dorme, enfin glacé,
    Retourne, comme au temps passé,
    Cueillir, près de la dune instable,
    Le lys qu'y courbe un souffle amer,
    - Et grave ces mots sur le sable :
    Le rêve de l'homme est semblable
    Aux illusions de la mer.

  • - " Enfin, puisque c'est Sa demeure,
    Le bon Dieu, où est-Y ? "
    - " Chut, me dit-elle : Il est sorti,
    On ne sait à quelle heure. "

    " Et de nous tous le plus calé
    Je dis : Satan lui-même,
    Ne sait en ce désordre extrême
    Où diable Il est allé. "

  • Puisque l'aube grandit, puisque voici l'aurore,
    Puisque, après m'avoir fui longtemps, l'espoir veut bien
    Revoler devers moi qui l'appelle et l'implore,
    Puisque tout ce bonheur veut bien être le mien,

    C'en est fait à présent des funestes pensées,
    C'en est fait des mauvais rêves, ah ! c'en est fait
    Surtout de l'ironie et des lèvres pincées
    Et des mots où...

  • Puisque j'ai mis ma lèvre à ta coupe encor pleine ;
    Puisque j'ai dans tes mains posé mon front pâli ;
    Puisque j'ai respiré parfois la douce haleine
    De ton âme, parfum dans l'ombre enseveli ;

    Puisqu'il me fut donné de t'entendre me dire
    Les mots où se répand le coeur mystérieux ;
    Puisque j'ai vu pleurer, puisque j'ai vu sourire
    Ta bouche sur ma bouche...

  • Puisque le juste est dans l'abîme,
    Puisqu'on donne le sceptre au crime,
    Puisque tous les droits sont trahis,
    Puisque les plus fiers restent mornes,
    Puisqu'on affiche au coin des bornes
    Le déshonneur de mon pays ;

    Ô République de nos pères,
    Grand Panthéon plein de lumières,
    Dôme d'or dans le libre azur,
    Temple des ombres immortelles,
    ...

  • Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
    Viens ! ne te lasse pas de mêler à ton âme
    La campagne, les bois, les ombrages charmants,
    Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
    Le sentier qui finit où le chemin commence,
    Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
    L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
    Comme une lèvre au bas...

  • Puisque nos heures sont remplies
    De trouble et de calamités ;
    Puisque les choses que tu lies
    Se détachent de tous côtés ;

    Puisque nos pères et nos mères
    Sont allés où nous irons tous,
    Puisque des enfants, têtes chères,
    Se sont endormis avant nous ;

    Puisque la terre où tu t'inclines
    Et que tu mouilles de tes pleurs,
    A déjà...