•  
    I

    Donc on a l’air de vivre et de mirer la vie,
    Et d’être une eau docile où le couchant s’enflamme,
    Une eau candide où le matin se clarifie,
    Comme si l’Univers cessait au fil de l’âme.

    Oui ! c’est vrai que notre âme est pleine de reflets :
    Arbres, visages, ciels, maquillant sa surface,
    Et les astres qui sont comme des feux follets,
    Et...

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
    Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend
    Et ni la jeune...

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux,
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe,
    Ô Nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend,
    Et ni la...

  •  
    Nous revenions d’un long voyage,
    Las de la mer et las du ciel.
    Le banc d’azur du cap Fréhel
    Fut salué par l’équipage.

    Bientôt nous vîmes s’élargir
    Les blanches courbes de nos grèves ;
    Puis, au cher pays de nos rêves,
    L’aiguille des clochers surgir.

    Le son d’or des cloches normandes
    Jusqu’à nous s’égrenait dans l’air ;
    Nous...

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux,
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe,
    O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend,
    Et ni la...

  • C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
    Semble un fondeur penché qui ravive des braises ;
    Comme un bouclier d’or à la forge rougi,
    Par un brouillard sanglant le soleil élargi
    Plonge dans un amas de nuages étranges
    Qui font traîner sur l’eau la pourpre de leurs franges.
    Le rivage est désert ; — pour tout bruit l’on entend
    La respiration du...

  • Sous les molles pâleurs qui voilaient en silence
    La falaise, la mer et le sable, dans l’anse
    Les embarcations se réveillaient déjà.
    Du gouffre oriental le soleil émergea
    Et couvrit l’Océan d’une nappe embrasée.
    La dune au loin sourit, ondoyante et rosée.
    On voyait des éclairs aux vitres des maisons.
    Au sommet des coteaux les jeunes frondaisons
    ...

  • Sonore et blond, ainsi qu’une ruche au soleil,
    Le port autour de nous riait au soir vermeil.
    Des calfats amusaient, en se battant, la foule.
    Mon navire roulait doucement à la houle,
    Paisible sous les yeux du maître débarqué,
    Et s’en venait parfois heurter le bord du quai,
    Comme s’il eût gardé de son voyage immense
    Un doux et long roulis qui toujours...

  •  
    La vie humaine est une rive
    Où, sur le bord, nous attendons
    Qu’à son retour le flux arrive
    Laver l’empreinte fugitive
    Des pas qu’en vain nous y traçons.

    Le ciel est bleu, la, mer est belle,
    Zéphyrs, oiseaux prennent l’essor ;
    Mais lorsque aux jeux tout nous appelle,
    Le bruit de la vague éternelle,
    De loin, se fait entendre encor....

  •  
    Au fond d’un lointain souvenir,
    Je revois, comme dans un rêve,
    Entre deux rocs, sur une grève,
    Une langue de mer bleuir.

    Ce pauvre coin de paysage
    Vu de très-loin apparaît mieux,
    Et je n’ai qu’à fermer les yeux
    Pour éclairer la chère image.

    Dans mon cœur les rochers sont peints
    Tout verdis de criste marine,
    Et je m’imprègne...