• De grâce, introduis-moi chez elle
    Je brûle de voir cette belle
    Si c'est mon mal, si c'est mon bien
    Je veux mourir si j'en sais rien.
    ....
    Elle est ou contraire ou propice
    Selon qu'il plaît à son caprice
    Et son caprice, ce dit-on
    Vaut souvent mieux que sa raison.
    ...
    Ami courons à ces délices
    Allons offrir sous tes auspices
    Et...

  • Sonnet irrégulier.

    A Monsieur Moreau.

    Oui, Moreau, ma façon de vivre
    Est de voir peu d'honnêtes gens
    Et prier Dieu qu'il me délivre
    Surtout de messieurs mes parents.

    Ce que j'ai souffert avec eux
    Surpasse même la souffrance
    De celui qui, pour sa constance,
    Dans l'Écriture est si fameux.

    Hélas ! ce sage misérable...

  • Vous dans qui le plus beau des dieux
    Son aimable et son gracieux
    Voulut si pleinement répandre,
    Vous, dont le luth harmonieux
    Fait que tous, jeunes et vieux
    Sont à vous, à vendre et dépendre,
    Comme, en sa mort mélodieux
    Chante un cygne aux bords du Méandre,
    Je viens, en mourant, vous apprendre
    Par ces vers, peut-être ennuyeux
    Que mon...

  • A Monsieur l'abbé de Chaulieu.

    Cher abbé, souviens-toi qu'Horace
    Veut qu'on mette pendant ces froids
    Largement du vin dans la tasse
    Et dans le foyer force bois.
    Vois-tu nos arbres et nos toits
    Soutenir à peine le poids
    De la neige qui s'y ramasse ?
    Vois-tu nos fleuves, comme en Thrace,
    Si bien arrêtés pour deux mois,
    Que bientôt à la...

  • Aujourd'hui dans tes bras j'ai demeuré pâmée,
    Aujourd'hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
    Triomphe impunément de toute ma pudeur
    Et je cède aux transports dont mon âme est charmée.

    Ta flamme et ton respect m'ont enfin désarmée ;
    Dans nos embrassements, je mets tout mon bonheur
    Et je ne connais plus de vertu ni d'honneur
    Puisque j'aime Tirsis et...

  • Je suis en même temps et de glace et de flamme,
    La crainte et le désir accompagnent mes pas,
    Ma peine a ses plaisirs, mon mal a ses appas
    Et ma propre douleur me tient lieu de dictame.

    En cet étrange état où souvent je me pâme,
    J'ignore également la vie et le trépas.
    Les endroits où je suis, c'est où je ne suis pas
    Et j'ai du mouvement, bien que je...

  • Philis, les yeux en pleurs et le coeur en tristesse,
    Implore le secours de notre charité
    Et ne brille pas moins au fort de sa détresse
    Qu'un astre qui reluit parmi l'obscurité.

    Sa seule nudité découvre sa richesse.
    Plus on voit de son corps, plus on voit de beauté,
    Sa pompe est toute en elle et comme une déesse,
    Elle doit son éclat à sa propre clarté....

  • Si tôt que j'eus quitté les délices du port
    Et d'un oeil affligé pris congé du rivage,
    J'appris que de la mer l'infidèle passage
    Était peu différent de celui de la mort.

    Les ondes contre moi firent un tel effort
    Et d'un si rude choc vainquirent mon courage
    Qu'au moindre de mes maux, si j'eusse fait naufrage,
    J'en eusse rendu grâce à la bonté du sort....

  • Le silence régnait sur la terre et sur l'onde,
    L'air devenait serein et l'Olympe vermeil,
    Et l'amoureux Zéphire affranchi du sommeil
    Ressuscitait les fleurs d'une haleine féconde.

    L'Aurore déployait l'or de sa tresse blonde,
    Et semait de rubis le chemin du Soleil ;
    Enfin ce dieu venait au plus grand appareil
    Qu'il soit jamais venu pour éclairer le...

  • L'étoile de Vénus si brillante et si belle,
    Annonçait à nos yeux la naissance du jour,
    Zéphire embrassait Flore, et soupirant d'amour,
    Baisait de son beau sein la fraîcheur éternelle.

    L'Aurore allait chassant les ombres devant elle,
    Et peignait d'incarnat le céleste séjour,
    Et l'astre souverain revenant à son tour,
    Jetait un nouveau feu dans sa course...