• Il ne se faut jamais moquer des misérables,
    Car qui peut s’assurer d’être toujours heureux ?
    Le sage Ésope dans ses fables
    Nous en donne un exemple ou deux ;
    Je ne les cite point, et certaine chronique
    M’en fournit un plus authentique.
    Le Renard se moquait un jour de l’écureuil
    Qu’il voyait assailli d’une forte tempête :
    Te voilà, disait-il, près...

  • Une poule jeune et sage,
    Toute faite pour charmer,
    Qui pouvait se faire aimer
    De tous les coqs du village,
    Marchait d’un pas fort galant,
    Et comme poule qui veut plaire,
    Portait pour habit d’ordinaire
    Un petit drap d’or volant.
    Se voyant posséder des beautés sans égales,
    Malgré mille rivales,
    Du mari qu’elle aimait elle croyait aussi...

  • Un baudet fut élu, par la gent animale,
    Juge d’une chambre royale :
    C’est l’homme qu’il nous faut  ! disaient autour de lui
    Ses amis accourus tout exprès au concile ;
    Simple dans son maintien et dans ses goûts facile,
    Il sera de Thémis l’incomparable appui ;
    Et de plus il rendra sentences non pareilles,
    Puisque, tenant du Ciel les plus longues oreilles...

  • L’apologue est un don qui vient des immortels ;
    Ou si c’est un présent des hommes,
    Quiconque nous l’a fait mérite des Autels.
    Nous devons, tous tant que nous sommes,
    Eriger en divinité
    Le Sage par qui fut ce bel art inventé.
    C’est proprement un charme : il rend l’âme attentive,
    Ou plutôt il la tient captive,
    Nous attachant à des récits
    Qui...

  • Bornons ici cette carrière.
    Les longs Ouvrages me font peur.
    Loin d’épuiser une matière,
    On n’en doit prendre que la fleur.
    Il s’en va temps que je reprenne
    Un peu de forces et d’haleine
    Pour fournir à d’autres projets.
    Amour, ce tyran de ma vie,
    Veut que je change de sujets :
    Il faut contenter son envie.
    Retournons à Psyché : Damon,...

  • Telle qu’était Diane, alors qu’imprudemment
    L’infortuné chasseur la voyait toute nue,
    Telle dedans un bain Clorinde s’est tenue,
    N’ayant le corps vêtu que d’un moite élément.

    Quelque dieu dans ces eaux caché secrètement
    A vu tous les appas dont la belle est pourvue,
    Mais s’il n’en avait eu seulement que la vue,
    Je serais moins jaloux de son...

  • Je vous aimais : vous me l’aviez permis ;
    J’espérais d’être aimé : vous me l’aviez promis.
    Mais, hélas ! belle Iris, je vois bien le contraire ;
    Je n’ose en murmurer
    De peur de vous déplaire ;
    Mais il m’est permis d’expirer,
    S’il m’est ordonné de me taire.

    Dedans vos fers, charmé de vos appas,
    Je souffrais mes tourments et ne m’en plaignais pas...

  •  
    Aujourd’hui dans tes bras j’ai demeuré pâmée,
    Aujourd’hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
    Triomphe impunément de toute ma pudeur,
    Et je cede aux transports dont mon âme est charmée.

    Ta flâme et ton respect m’ont enfin désarmée,
    Dans nos embrassemens je mets tout mon bonheur,
    Et je ne connois plus de vertu ni d’honneur,
    Puisque j’aime Tirsis...

  • Tres-reverente Mere en Dieu,
    Qui reverente n’estes guere,
    Et qui moins encore estes mere,
    ...

  • Une Souris craignait un Chat,
    Qui dès longtemps la guettait au passage.
    Que faire en cet état ? Elle, prudente et sage,
    Consulte son Voisin : c’était un maître Rat,
    ...