• Arbres feuillus, dont la verdeur première
    Ombrage l'huis du palais non pareil
    Où le destin tient enclos ce bel oeil
    Qui me ravit de sa vive lumière,

    Las ! plût au fils de la blonde Écumière,
    Qu'un jour préfix, dès l'Aube au doigt vermeil,
    Jusqu'au coucher des coursiers du Soleil,
    Je fusse vif sous votre écorce ormière !

    Depuis ce point...

  • Pauvre Ixion, pauvre amant misérable,
    Infortuné, chétif, audacieux,
    Tu fis l'amour à la reine des cieux :
    Même dessein m'a rendu ton semblable.

    Une déesse, une nymphe adorable,
    Goûtant le miel d'un attrait gracieux,
    Sans y penser dans le ciel de ses yeux
    Logea d'abord ma liberté traitable.

    Depuis ce point, trompeuse elle m'a fui,
    Et...

  • Qui me peut réjouir puisque tu gis malade ?
    Mon départ n'aurait pas engendré ta langueur ?
    Ah ! nenni ! Mais tu feins, pour decevoir mon coeur,
    Ressentir les assauts de la Parque maussade !

    Tu déguises ton teint de cette couleur fade
    Afin de me remplir d'alarmes et de peur,
    Cuidant que mon esprit de mille ennuis vainqueur
    N'ait jamais éprouvé d'...

  • Vous le dites m'amour ? Soyez religieuse,
    Portant le voile noir, franche d'ambitions,
    Que jeûner soit vos jeux, vos ris confessions,
    Et vos plus beaux habits une haire envieuse !

    Ô la belle nonnain ! hé ! qu'elle est curieuse
    De savoir si au cloître on vit sans passions,
    Et s'il peut être atteint de ces affections
    Qui ne glissent jamais dans son...

  • Par l'effort du destin, ma gentille Cyprine
    Languissait l'autre jour dans son lit amoureux.
    Son beau front bleuissait, et son oeil doucereux
    Éteignait peu à peu sa flammèche divine.

    Moi, pauvre, contemplant sa bouche coraline,
    Me rongeais coup sur coup d'un regret douloureux,
    Pour ne pouvoir chasser le poison rigoureux
    Qui ternissait le jour de sa...

  • Arbres qui lamentez la cruelle infortune
    De ce pauvre garçon, qui trop audacieux,
    Dans le tour recourbé du grand plancher des cieux
    Osa pousser le char du frère de la Lune,

    Plus ne pleurez sa mort, plus grande est ma fortune,
    Mais sourcez avec moi un fleuve de vos yeux.
    J'ai comme lui, chétif, visité les hauts lieux,
    Et en bas comme lui je ressens la...

  • Tout le long de la nuit et lorsqu'à notre jour
    Se découvrent les prés et les hautes montagnes,
    Seul et déconforté, je vais par les campagnes
    Comme un léger démon songeant en mon amour.

    Puis gisant dans l'enclos de mon gentil séjour,
    Je soupire sans cesse, accompagné des Mânes
    Qui habitent les bords des ondes stygianes,
    Dont je suis dévoré comme d'...

  • Déjà le ciel prenait sa cape noire,
    Le blond Soleil sommeillait sous les eaux,
    Quand mon esprit au fort de ses travaux,
    Songeant, brûlant, pressait ton corps d'ivoire.

    Mais le pauvret, ruiné pour le croire,
    Vit tout soudain au lever des chevaux,
    Qui du clair Pô renomment les ruisseaux,
    Réduire en vent son plaisir et sa gloire.

    Ce n'est...

  • Pourquoi de tes dédains sens-je la cruauté,
    Dis-moi, fière beauté ?
    Cet acte casuel trouble-t-il ta pensée ?
    Oui, car mes traîtres yeux ont attisé ce feu,
    A cause que j'ai vu
    Ton trésor le plus cher, dont tu t'es offensée.

    Belle, que n'ai-je vu en ce point malheureux
    Le visage pierreux
    De l'horrible Gorgone, engeance infortunée !
    J'eusse été...

  • Pourquoi faut-il que ta face divine
    Soit en tous temps sous ce triste velous,
    Et que tes yeux de mon plaisir jaloux
    Soient découverts pour blesser ma poitrine ?

    Dix mille fois, ma Nymphe, ma poupine,
    J'ai convoité d'imprimer par dessous
    Ton masque faux mille baisers très doux,
    Sur le coral de ta lèvre pourprine.

    Cache tes yeux qui tant...